Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE IV


Ce qui passionnait les habitants de Middlemarch, c’était de savoir si M. Tyke serait choisi comme chapelain rétribué du nouvel hôpital, et Lydgate entendit discuter la chose de façon à être parfaitement édifié sur l’influence exercée dans la ville par M. Bulstrode. L’autorité du banquier était incontestable, mais il avait des ennemis, et même parmi ses partisans il s’en trouvait quelques-uns pour faire entendre que leur appui n’était qu’un compromis ; ils ne se cachaient pas pour dire que l’état général des choses et en particulier les hasards du commerce les obligeaient à brûler un cierge au diable. — M. Bulstrode ne devait pas seulement son influence à sa situation de banquier local, au courant de tous les secrets financiers des grands industriels de la ville, sa générosité y contribuait encore, une générosité à la fois empressée et sévère, empressée à accorder des secours, sévère à en surveiller les suites. Son intelligence et son zèle lui avaient assuré la prééminence dans l’administration des œuvres de bienfaisance de la ville, et ses charités privées étaient à la fois abondantes et minutieuses. Il accordait en secret beaucoup de petits prêts, mais il s’informait toujours exactement, avant et après, de toutes les circonstances ayant trait à l’emprunteur. Le sentiment qu’il inspirait ainsi et qui lui avait acquis un certain empire autour de lui était un mélange de crainte et de gratitude.

M. Bulstrode avait pour principe d’étendre son pouvoir aussi loin que possible, afin de l’employer pour la plus grande gloire de Dieu. Il passait par bien des combats spirituels et par bien des débats intérieurs avant d’en arriver à fixer ses