Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/212

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Camden était-il si pressé de l’emmener dans sa retraite ? Il n’y trouverait que de la vermine conservée, des tiroirs pleins de grosses mouches bleues et de papillons de nuit, et pas de tapis par terre. M. Lydgate voudrait-il excuser tout cela ? Pourquoi pas une partie de cartes, de grabuge, par exemple ? Cela vaudrait infiniment mieux. En résumé, il apparaissait clairement qu’un vicaire pouvait être adoré de tous les membres féminins de sa famille comme le roi des hommes et des prédicateurs et néanmoins dépendre, jusqu’à un certain point, de leur direction. Lydgate, avec la présomption habituelle d’un jeune célibataire, s’étonna que M. Farebrother ne s’en fût pas mieux affranchi.

— Ma mère n’est pas habituée à ce que je reçoive des visiteurs prenant quelque intérêt à mes manies, dit le vicaire ouvrant la porte de son cabinet, dont une courte pipe de porcelaine et une tabatière constituaient à peu près tout le confort.

— Les hommes de votre profession ne fument pas en général, dit-il. — Lydgate sourit et fit de la tête un geste négatif. Ni ceux de la mienne non plus, en général. Vous verrez que cette pipe me sera reprochée par Bulstrode et compagnie. Ils ne savent pas combien le diable serait content si j’y renonçais.

— Je comprends. Vous êtes d’humeur excitable et vous avez besoin d’un calmant. Moi qui suis plus lourd, j’en deviendrais paresseux. Je tomberais dans l’indolence et j’y resterais cloué avec toutes mes forces.

— Oui, tandis que vous voulez les consacrer au travail. Je suis d’une dizaine ou d’une douzaine d’années plus vieux que vous, et j’en suis arrivé à un compromis avec moi-même. Je ménage une ou deux de mes faiblesses de peur qu’elles ne deviennent sans cela trop exigeantes. Regardez, continua le vicaire en ouvrant différents petits tiroirs, je crois que j’ai fait une étude complète de l’entomologie du district. Je