Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/251

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Aussi, quand la voiture fut arrivée devant leur porte, elle partit avec M. Casaubon pour le Vatican, traversa avec lui la galerie des Inscriptions, et, après l’avoir quitté à l’entrée de la Bibliothèque, elle continua à errer dans le musée, indifférente à tout ce qui l’entourait. Elle n’avait nul désir de rentrer ni de se faire mener ailleurs. C’était au moment où elle se séparait de M. Casaubon, que Naumann l’avait aperçue pour la première fois ; lorsqu’il la retrouva plus tard dans la salle des Statues, c’était la méditation réveuse dans laquelle elle était plongée, qui rendait pour un artiste son attitude si remarquable. En réalité, Dorothée ne voyait pas plus le rayon de soleil tombant sur le sol que les statues autour d’elle ; elle voyait au dedans d’elle-même la lumière des années qui allaient se succéder dans son propre home, au milieu des champs, des ormes, des routes bordées de haies de l’Angleterre, et le chemin de la vie à travers ces années qu’elle avait voulu remplir de dévouement et de sérénité, ne lui apparaissait plus aussi clair qu’autrefois. Mais il y avait dans l’âme de Dorothée un courant qui, tôt ou tard, entraînait toutes ses pensées et tous ses sentiments ; — c’était son aspiration, l’acheminement de tout son être vers la vérité éternelle, vers le bien le plus désintéressé de ce monde. Sûrement, il existait quelque chose de meilleur que la colère et le désespoir.



CHAPITRE IX


C’est ainsi que Dorothée en vint à sangloter dès qu’elle se trouva seule et tranquille dans son appartement. Mais elle fut soudainement tirée de son état par un coup frappé à la porte, qui lui fit en toute hâte essuyer ses yeux. Tantripp