Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/321

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pris tout juste les médicaments contraires à ceux qu’il aurait fallu. Il le fit mettre immédiatement au lit, demanda qu’une garde ne le quittât pas, et insista sur toutes sortes de précautions et de soins à observer strictement.

En présence de ces indications et d’un danger possible, la pauvre mistress Vincy, affolée de terreur, déclara abominable le procédé de M. Wrench, lui qui avait soigné leur maison pendant tant d’années, lui qu’on avait préféré à M. Peacock, bien que M. Peacock fût aussi leur ami. Elle ne pouvait, « sur sa vie », comprendre pourquoi M. Wrench négligerait ses enfants plus que d’autres ! Il n’avait pas négligé ceux de M. Larcher quand ils avaient eu la rougeole, et certes, mistress Vincy ne souhaitait pas qu’il l’eût fait et, si quelque chose arrivait… Ici, l’esprit de la pauvre mère s’égara tout à fait, et sa gorge de Niobé et sa figure épanouie se convulsèrent tristement.

La scène se passait au vestibule, où Fred n’était plus à portée d’entendre ; mais Rosemonde ouvrit la porte du salon et s’avança, l’inquiétude sur le visage. Lydgate essaya d’excuser M. Wrench, disant que les symptômes de la maladie pouvaient n’être pas encore bien déterminés la veille, et que cette espèce de fièvre était très équivoque dans ses commencements. Il allait se rendre tout de suite à la pharmacie afin de ne pas perdre de temps, puis il écrirait à M. Wrench pour le mettre au courant de ce qui avait été fait.

— Mais il faut que vous reveniez vous-même ; il faut que vous suiviez Fred maintenant. Je ne puis pas confier mon enfant à un médecin qui vient ou qui ne vient pas. Je ne garde rancune à personne, Dieu merci ; et M. Wrench m’a sauvée lors de ma pleurésie, mais il aurait mieux fait de me laisser mourir si… si…

— Je trouverai donc M. Wrench ici demain, n’est-ce pas ? dit Lydgate assez convaincu que ce docteur n’était pas très en état de soigner un cas de ce genre…