Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/342

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— Célia ! que s’est-il donc passé ? dit Dorothée avec un accent où se révélait sa tendresse de sœur. As-tu réellement de grandes nouvelles à m’apprendre ?

— C’est parce que tu étais partie, Dodo. Alors sir James n’avait plus que moi à qui parler, dit Célia avec une certaine malice dans les yeux.

— Je comprends. C’est ce que j’ai toujours pensé et espéré, dit Dorothée prenant le visage de sa sœur entre ses mains et la regardant à moitié anxieuse.

Le mariage de Célia lui semblait une chose plus sérieuse qu’autrefois.

— Il n’y a que trois jours de cela, reprit Célia. Et lady Chettam est très bonne.

— Et tu es très heureuse ?

— Oui. Nous ne nous marierons pas tout de suite, parce qu’il faut tout préparer. Et puis je n’ai pas envie de me marier si vite, je trouve charmant d’être fiancés. Nous aurons toute notre vie ensuite pour être mariés.

— Je ne crois pas que tu puisses mieux trouver, Kitty. Sir James est un homme bon et honorable.

— Il a continué à s’occuper des chaumières, Dodo. Il te dira tout ce qu’il a fait depuis. Seras-tu contente de le voir ?

— Sans doute, je le serai ; peux-tu me demander cela !

— Je craignais seulement que tu ne fusses devenue si savante ! dit Célia.

Elle considérait la science de M. Casaubon comme une sorte de vapeur nuisible qui pourrait avec le temps absorber un corps voisin.