Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/383

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toutes les lumières que fournissaient les environs. Quelques voisins de la campagne ou de Middlemarch exprimaient leur sympathie pour la famille et épousaient ses intérêts contre les Vincy ; certaines visites féminines étaient même émues jusqu’aux larmes dans leurs conversations avec mistress Waule, en se souvenant qu’elles aussi s’étaient vues désappointées jadis par des codicilles et des mariages. Ces conversations s’arrêtaient court comme un orgue dont on laisse tomber le soufflet, dès que Mary entrait, et tous les yeux se dirigeaient sur elle comme sur une légataire possible ou comme sur une personne qui avait l’accès des coffres-forts.

Mais les hommes plus jeunes, parents ou amis de la famille, étaient disposés à admirer en elle, dans cette lumière problématique, une jeune fille d’une conduite parfaite et capable de devenir, au bout du compte, un assez bon parti au milieu de toutes les chances qui flottaient autour d’elle. Elle avait donc sa part de compliments et d’attentions polies.

Surtout de la part de M. Borthrop Trumbull, célibataire et commissaire-priseur distingué du pays, très mêlé aux ventes de terrains et de bétail : en réalité, un homme fait pour le public, dont le nom s’étalait sur des placards affichés dans un rayon fort étendu et qui pouvait avoir de bonnes raisons de plaindre ceux qui ne le connaissaient pas. C’était un petit-cousin de Pierre Featherstone, qui l’avait toujours traité avec plus d’aménité que les autres membres de la famille en considération de son utilité dans les questions d’affaires ; et dans les instructions relatives à son enterrement que le vieillard avait dictées lui-même, M. Trumbull était désigné comme l’un des porteurs de la bière. M. Borthrop Trumbull, était exempt de basse cupidité, mais il possédait le sentiment sincère de son propre mérite et la conviction de l’emporter sur ses compétiteurs en cas de rivalité. Or, s’il se trouvait que Pierre Featherstone eût, la bonne chère âme, fait preuve de générosité en sa faveur, il