Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/386

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bull, quittant sa place près de la cheminée, se dirigea vers la fenêtre, rajustant le col de sa cravate et promenant ses doigts dans ses favoris et dans les boucles de sa chevelure. Il s’arrêta près de la table à ouvrage de miss Garth, ouvrit un livre qui s’y trouvait et en lut le titre à haute voix avec une énergie pompeuse comme s’il l’offrait à la vente :

Anne de Geierstein (il prononçait ieersteen) — ou la Fille du brouillard — par l’auteur de Wawerley ! Puis, tournant la page « Près de quatre siècles se sont écoulés depuis que les événements rapportés dans cet ouvrage se passèrent sur le continent… »

À ce moment le domestique parut avec un plateau, si bien que l’orateur fut dispensé de répondre à mistress Waule. Celle-ci et Salomon observaient, pendant ce temps, les mouvements de M. Trumbull, convaincus dans leur for intérieur qu’une haute instruction faisait le plus grand tort aux affaires sérieuses ; M. Trumbull ne savait en réalité rien du tout du testament du vieux Featherstone, mais on n’aurait jamais pu, sur quelque sujet que ce fût, lui faire avouer son ignorance.

— Je ne prendrai qu’une vraie bouchée de jambon et un verre d’ale, dit-il d’une façon rassurante. Comme un homme qui a beaucoup d’affaires publiques, je prends un morceau sur le pouce, là où je peux. Je parierais pour la supériorité de ce jambon-là sur tous les jambons des Trois-Royaumes, ajouta-t-il en avalant quelques morceaux avec une alarmante précipitation. Il est meilleur à mon avis que les jambons de Freshitt-Hall, et je me crois bon juge.

— Il y a des personnes qui préfèrent les jambons avec moins de sucre, dit mistress Waule. Mais mon pauvre frère les voulait toujours avec du sucre.

— Si quelqu’un en réclame du meilleur, libre à lui ; mais, Dieu me bénisse ! quel fumet ! Je serais heureux de m’en procurer de cette qualité, c’est tout ce que je sais. — Il y a