Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/468

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— Oh ! mon cher sir James conclut le recteur, n’en faisons pas trop d’affaire, après tout. Il est probable que tout cela s’en ira en fumée. Dans un mois ou deux, Brooke et ce traître de Ladislaw en auront assez l’un de l’autre. Ladislaw prendra son essor, Brooke vendra le Pionnier et tout rentrera dans l’ordre.

— Il nous reste une bonne chance, c’est qu’il n’aimera pas à voir filer son argent, dit mistress Cadwallader. Si je connaissais les frais des élections, je saurais bien lui faire peur. Ce ne serait pas d’une petite saignée que je lui parlerais, je lui viderais tout un pot de sangsues sur le corps. Ce que nous n’aimons pas, nous autres bons avares, c’est de nous voir arracher nos pièces de six pence.

— Et tout ce qu’on va soulever contre lui ! dit sir James. L’administration de ses terres d’abord. On l’a déjà attaqué là-dessus, cela me fait vraiment peine à voir. C’est une peste que nous avons sous le nez. Je trouve, quant à moi, qu’on est tenu de faire tout ce qu’on peut et plus encore pour ses terres et ses tenanciers, surtout dans ces temps difficiles.

— Peut-être les attaques de la Trompette l’amèneront-elles à y changer quelque chose, et il pourrait après tout en résulter quelque bien, dit le recteur. J’en serais bien content ; j’entendrai moins de réclamations, quand on viendra me payer la dîme.

— Je voudrais qu’il prît un homme entendu pour s’occuper de cela, je voudrais qu’il reprît Garth, ajouta sir James. Il s’est défait de Garth il y a douze ans et tout a été de travers depuis. Je pense moi-même à employer Garth à l’administration de mes biens ; il a fait un plan merveilleux pour mes bâtiments. Mais Garth ne se chargerait de la propriété de Tipton que si Brooke la laissait entièrement à ses soins.

— Oui, dit le recteur, Garth est un être indépendant, un être original, un esprit simple. Un jour qu’il faisait quelques