Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/495

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sont là les meilleures nouvelles que je puisse rapporter à Fred Vincy, tant il a insisté sur le dommage qu’il vous avait causé, en vous forçant à débourser cette somme, en vous dépouillant, a-t-il dit, de cette somme que vous aviez réservée pour d’autres projets ! Quel paresseux chien que ce pauvre Fred, et quel dommage ! Il a de très bonnes qualités et son père est un peu dur pour lui.

— Où s’en va-t-il ? dit M. Garth assez froidement.

— Il veut essayer encore une fois de prendre ses degrés, et il va étudier en attendant. Je l’y ai engagé. Je ne le pousse pas à entrer dans l’Église, au contraire. Mais s’il s’en va et s’il travaille assez bien pour être admis, ce sera une preuve qu’il a de l’énergie et de la volonté ; il est embarqué et il ne sait pas d’ailleurs ce qu’il pourrait faire d’autre. De cette manière il donnerait satisfaction à son père, et j’ai promis que, dans l’intervalle, j’essayerais de réconcilier M. Vincy avec l’idée que son fils adoptât une autre carrière. Fred dit franchement qu’il n’est pas fait pour être pasteur, et je ferai tout au monde pour empêcher un homme de franchir le pas fatal, en choisissant une profession qu’il n’aime pas. Il m’a rapporté ce que vous lui aviez dit, miss Garth, vous en souvenez-vous ?

M. Farebrother lui disait habituellement Mary au lieu de miss Garth, mais sa délicatesse lui imposait de la traiter avec plus de respect encore, maintenant que, pour employer le langage de mistress Vincy, elle travaillait pour gagner son pain.

Mary se sentait mal à l’aise ; mais, résolue à prendre légèrement la chose, elle dit aussitôt :

— J’ai été très impertinente avec Fred ; nous sommes de si vieux camarades.

— Vous lui avez dit, n’est-ce pas, qu’il serait un de ces clergymen ridicules qui contribuent à rendre ridicule le clergé tout entier. Cela était en vérité si mordant que je m’en trouve un peu offensé moi-même.