Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on leur donne. J’ai feuilleté un volume des sermons de M. Tyke ; ces sermons-là ne serviraient à rien à Lowick. J’ai bien souvent pensé aux différentes manières d’instruire les chrétiens, et dès que j’en trouve une qui me semble plus bienfaisante que les autres, je m’y attache comme à la plus vraie, je veux dire celle qui contient plus de bien dans tous les genres et qui attire le plus de monde à la participation de ce bien. Il vaut certainement mieux trop pardonner que trop condamner. Mais je voudrais voir M. Farebrother et l’entendre prêcher.

— Faites-le, j’ai confiance dans l’effet qu’il vous produira ; il est très aimé, mais il a aussi ses ennemis ; il se trouve toujours des gens qui ne peuvent pardonner à un homme de mérite de ne pas leur ressembler. Et c’est vraiment une tache pour son nom, que cette manière de se faire de l’argent au jeu. Vous voyez naturellement peu de personnes de Middlemarch ; mais M. Ladislaw, qui voit constamment M. Brooke, est un grand ami des vieilles dames de chez M. Farebrother, et il serait heureux de chanter les louanges du vicaire. L’une de ces vieilles dames, miss Noble, la tante, est l’image la plus gracieuse que l’on puisse voir de la bonté oublieuse d’elle-même, et Ladislaw la pilote parfois galamment dans ses courses. Vous connaissez bien de vue Ladislaw : une espèce de Daphnis en habit et en gilet ; rien de si drôle que cette petite vieille fille se haussant jusqu’à son bras, ils ont l’air d’un couple pris dans une comédie romantique. Mais le meilleur témoignage en faveur de Farebrother, c’est de le voir et de l’entendre.

C’est dans le petit salon particulier de Dorothée que cette conversation eut lieu, et il n’y avait là personne dont la présence pût lui rendre pénible cette mention du nom de Ladisiaw faite bien innocemment par Lydgate. Ne s’occupant pas des bavardages, il avait tout à fait oublié la remarque de Rosemonde à propos de l’adoration de Will pour mis-