Page:Eloge de M. de Lamarck, lu à l'Académie des Sciences le 26 novembre 1832.djvu/21

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tionnaires supérieurs furent faits professeurs et chargés chacun de la branche d’enseignement le plus en rapport avec leur emploi précédent ou leurs études personnelles, et M. de Lamarck, plus nouveau venu, obligé de se contenter du lot que les autres n’avaient pas choisi, fut nommé à la chaire relative aux deux dernières classes du règne animal tel que Linnæus l’avait divisé, à ce qu’on appelait alors les insectes et les vers.

Il avait alors tout près de cinquante ans, et la seule préparation qu’il eût sur cette vaste partie de la zoologie, se réduisait à quelque connaissance des coquilles, dont il s’était souvent entretenu avec Bruguière, et dont il avait même formé une petite collection. Mais son ancien courage ne l’abandonna point ; il se mit à étudier sans relâche ces objets nouveaux ; il s’aida des conseils de quelques amis, et appliquant du moins à ce qui concerne les coquilles et les coraux, cette sagacité qu’un long exercice lui avait donnée sur les plantes, il fit dans ce nouveau champ des innovations si heureuses, que ses ouvrages sur ces animaux donneront à son nom une réputation peut-être plus durable que tout ce qu’il a publié sur la botanique ; mais avant de les analyser, nous avons à parler d’autres écrits qui ne jouiront probablement pas du même avantage.

Pendant les trente années qui venaient de s’écouler depuis la paix de 1763, tous ses moments n’avaient pas été employés à la botanique : dans les longues solitudes auxquelles le condamnait sa position gênée, toutes ces grandes questions qui depuis des siècles fixent l’attention des hommes, s’étaient emparées de son esprit. Il avait médité sur les lois générales de la physique et de la chimie, sur les phénomènes de l’at-