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VIERGES EN FLEUR

de lire, si c’est possible, en ses regards, en ses gestes, en ses attitudes, et de me dire très franchement si elle m’aime ou non.

— Peste ! la mission est vraiment délicate. Si la petite me paraît éprise de vous, mon cher, il me sera fort agréable de vous en confirmer la douce certitude. Mais si je reconnais qu’au contraire il n’est pas d’espoir pour votre tendresse, je serai désolé d’être le tortionnaire qui donne le signal du supplice…

— Je veux savoir, je veux ! Depuis mon arrivée ici, ma croyance en Luce s’est presque abolie. Je la vois si coquette, si aimable avec tous ! Quelques instants, le soir, je puis l’entretenir. Elle me déconcerte. Parfois sa voix tendre me réconforte, parfois elle me désespère. Je ne sais rien de plus horrible que ces alternatives d’espérance et de crainte.

Je demande deux jours pour observer, juger. Mais, d’abord, il est essentiel que vous me présentiez à votre douce vierge, à la fleur de lis de votre jardin secret.

— La voici justement qui passe devant nous.

Moulée dans le maillot d’azur sombre que l’eau avait plaqué contre ses chairs, coiffée du bonnet écarlate, les jambes nues, — des jambes ciselées avec un art parfait de trouble et de tentation, — Luce était la baigneuse que Philbert avait