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VIERGES EN FLEUR

— Ah ! non, merci, mon vieux !

Fanoche, la proxénète, faisant des mariages ! Certes, elle devait connaître de vieilles dames rêvant, après avoir traîné sur les trottoirs parisiens, une vie très bourgeoise, une vieillesse sûre et affranchie des besognes forcées de la chair. Philbert eut la vision, dans la fumée de son cigare, d’un ménage semblable à celui d’Oscar et de Fanoche ; et c’était lui, le fier moissonneur d’amours et d’amours vierges, qui était le mari grotesque, vieux Lovelace, entre une grosse dame — la prose — et une servante — la poésie.

Et ce fut bientôt une épouvante, qui s’exaspéra, une obsession odieuse.

Oui, sans doute c’était le sort qui l’attendait. Un jour il tomberait dans les griffes d’une femme — non plus une jeune et fraîche Luce — mais une ancienne, une flétrie, une boule de graisse gonflée des sales sèves de mille et un amants.

Philbert se rappela les pareilles déchéances de la plupart des viveurs, qu’il avait connus, vers la crise de la quarantaine.

Le temps des belles amours, des caprices vaillants, des romans de joie, passe vite. Les rides, les cheveux blancs transforment en vieillards les pimpants et les fiers Don Juan. Lors, il faut se résoudre à rouler tristement de pavés