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VIERGES EN FLEUR

clos leurs portes : on se couche à l’heure des poules, en ce pays. Ce soir, tu nous as débauchés…

À travers les cloisons minces, longtemps Philbert entendit les baisers des époux, scandant les étreintes conjugales.

Oscar râlait, criait, l’aigre voix de Fanoche proclamait le plaisir amoureux. Ces deux êtres, sans doute mettaient tout leur orgueil à révéler leur libertinage de vieillards érotiques. La marchande d’amour, dans sa vaniteuse coquetterie d’épouse très chérie, d’amante qui connaît l’art d’affoler le mâle, se plaisait — pour son hôte — à jouer, cette nuit, la grande scène de volupté, tant de fois répétée et donnée autrefois, aux clients parisiens…

Philbert ne riait plus… Une immense détresse engloutissait son cœur.

— Oh ! non, dit-il, non, non, je ne tomberai pas dans cette boue des mariages ineptes. Je me suiciderai plutôt que d’accoupler ma vie à celle d’une Fanoche… Mais qui sait ?… Autrefois, Oscar eût parlé comme moi et le voilà sombré… Ah ! que la vie est bête !…