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VIERGES EN FLEUR

Toute la nuit, Philbert se tint devant la fenêtre de sa chambre, qui donnait sur la mer.

Tourné vers l’Orient, il espérait revoir la vision enchanteresse. Mais sur les terrasses des villas, qui se confondaient dans la lumière plus pâle du clair de lune, la revenante ne parut pas.

Et se remémorant les paroles du savant, l’ennemi des vierges voyait des horizons nouveaux surgir dans le brouillard grisâtre et nébuleux de son existence.

Une clarté maintenant brillait ; et c’était comme un phare apparu après la tempête et l’orage.

Par instants, il avait une honte intense, presque un remords de son passé, de ses jours de folie et de ses nuits de fête. Il comprenait enfin qu’il est d’autres joies que l’éperdûment de la chair en amour. Ces joies spirituelles, ces essors vers l’azur, il allait en goûter désormais la splendeur !…

Mais, brusquement, il éclata de rire…

— Vraiment, je deviens fou ! Ou je suis la victime de quelque sortilège ! J’espère je ne sais quelles folles aventures de rêve et d’idéal… La vie et le réel valent mieux — et la reine était de mon avis. Elle fut une amante affolée de luxure et d’ivresses de chair. Ah ! Marie, ce n’est pas ton âme qui m’attire, c’est ton corps, ton