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VIERGES EN FLEUR

voulu savoir promptement le passé, toute la vie, — pour mieux diriger sa conquête et escompter ses chances de réussite avec ses probabilités de plaisir, — il ne tenait à s’informer de rien, concernant l’inconnue.

Elle était belle, d’une adolescence suave ; il pouvait suivre sa silhouette aristocratique où se matérialisaient les lignes imaginées de l’Autre. Cela lui suffisait.

Aujourd’hui, sa fièvre pour Marie Stuart se reportait vers la vivante. Quand il la regardait sur la plage, des troubles l’éperdaient. Et ce n’était plus l’image de l’apparition première dans la sérénité nocturne, l’image de la première rencontre sur la grand’place qui peuplait sa fièvre incessante, l’insomnie de ses nuits.

De plus voluptueuses images se détachaient.

Un coup de vent, certain jour, avait soulevé la robe de l’inconnue. Dans le haut du fourreau noir des bas, sous un fouillis, brusquement découvert, de soies et de dentelles, Philbert avait vu un coin de nudité rose. Et cette vision le hantait, effaçant les pâles souvenirs des maîtresses dévêtues, en des heures délirantes, pour des contemplations dévotes, pour le baiser adorant de tout leur corps ; les maîtresses, dressées triomphalement nues devant l’extase de l’amant agenouillé, la chemise flocon-