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VIERGES EN FLEUR

le bois, ainsi que des dentelles, y ciselaient des fleurs gracieuses, des figures naïves.

C’était un de ces vastes lits d’apparat du temps passé ; la plate-forme en bois massif s’offrait aux amants, comme un large autel pour l’amour. Des colonnes, où des guirlandes de lierre et de roses serpentaient, soutenaient un dais orné de sculptures précieuses.

— Je t’aime, murmura doucement Marie-Reine.

— Je t’aime, répondit passionnément Philbert.

Il la prit dans ses bras, l’inclina sur le lit.

Elle se redressa.

— Ami, dépouille-moi des vêtements de deuil, puisque le cher amant de qui j’étais veuve ressuscite et renaît ! Je veux que tu me trouves enfin, dans la claire joie de ma chair frissonnante et heureuse !

Majestueusement, avec la dignité fière et gracieuse d’une reine qui monte sur son trône, Marie-Reine se dressa sur l’autel de la couche nuptiale.

Pieusement, les mains de l’amant détachèrent la robe, firent jaillir du noir la splendeur rose du corps. Puis, les lingeries liliales, blanches, mêlées aux crêpes sombres, firent aux pieds de Marie une somptueuse litière ; et mira-