Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
VIERGES EN FLEUR

danses effrénées, la nuit, au clair de lune, les danses affolantes où le corps est brisé, mais jouit de son diabolique anéantissement, comme s’il était plongé dans un bain de baisers, quand les jambes chancellent et qu’on succombe enfin, éperdue, sur les herbes. Je les ai conduites, au fond des souterrains, jusqu’à des salles hantées où règne la voluptueuse démence — rêve où réalité — des chairs entrelacées et tordues dans les spasmes. Oui, je suis la démone, perverse, insatiable, mais la démone vierge encore qui s’offre à toi !

Philbert ferma ses mains sur la taille d’Yvonne ; mais elle s’évada de l’étreinte, courut jusqu’à la lampe, et soudain ce fut le noir du mystère et de la magie.

— Yvonne ! dit l’amant, un froid dans les vertèbres.

Il appela encore, combattant son angoisse et marchant dans la chambre, en quête de l’amie.

Ses mains, qui tâtonnaient, évitant les obstacles, se glacèrent soudain sur une chair nue, une chair froide, qui semblait étendue et couchée dans le vide.

Ses mains furent liées par des mains et attirées, dans le noir, vers la gorge frigide où sa bouche brûlante alla se réfugier.