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matie aux formes les moins classiques, aux mots les plus rustiques et les moins raffinés. Mais le latin régulier, plus ou moins écorné suivant les circonstances extrinsèques, suivit sa décadence naturelle et inévitable, et la transformation en marcha vers les langues romanes. À ce point de vue, on retirera le terme de barbarie ; et les changements qui survinrent seront considérés comme un cas d’évolution. Le latin classique ne pouvait plus durer ; car ceux-là mêmes qui le parlaient l’abandonnaient progressivement ; et il fallait bien qu’une nouvelle phonétique et une nouvelle grammaire sortissent des modifications spontanées qui s’opéraient. Les langues romanes naquirent directement de cette évolution ; et elles ne sont pas plus barbares que ne fut le latin quand il se sépara de la souche aryenne.

Ce qui fut barbare, ce qui exigea impérieusement l’élaboration romane, c’est ce latin de l’époque mérovingienne, cette déclinaison, telle qu’on l’écrivait alors dans les actes authentiques et dans les documents officiels. On se ferait difficilement une idée de ce qu’elle était devenue, si je n’en prenais quelques exemples dans le livre de M. de Jubainville.

P. 40 : Post obetum virum suum, c’est-à-dire : post obitum viri sui.Anno illo regnum nostrum, c’est-à-dire : anno illo regni nostri. — Ex successione genituri suo, c’est-à-dire : ex successione genitoris sui.

P. 44 : Ad fisco nostro, pour ad fiscum nostrum. — Ipso… viro…. constituit, pour ipsum virum constituit.

P. 49 : Pro remedium animæ nostræ, au lieu de : remedio. — De integre statum, au lieu de : de integro statu.

Ceci n’est qu’un échantillon qu’il est inutile d’al-