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habens pour Parisiis. Dans ces exemples, Parisius invariable joue le rôle de génitif pluriel, d’accusatif et d’ablatif. Mais ce n’est pas le seul nom de lieu qui soit traité de même ; M. de Jubainville cite Turonus, Remus et quelques autres. Or il se trouve que l’accusatif pluriel de la deuxième déclinaison gauloise est en us. De là naît la conjecture que plusieurs noms de lieux seraient restés dans le parler populaire à cet accusatif pluriel devenu invariable ; et, quand la latinité classique faiblit, ils prirent, aux temps mérovingiens, sous cette forme, droit d’usage. Mais la probabilité de cette ingénieuse explication est diminuée par beaucoup de noms, autres que des noms de lieux, où la finale us est employée pour l’accusatif et pour l’ablatif pluriels : tres colpus pour tres colaphos, caballus tantus pour caballos tantos, cum porcus pour cum porcis, etc. La déclinaison mérovingienne tendait, nous l’avons vu, vers l’état qui fut celui de la langue d’oïl et de la langue d’oc : un sujet et un régime pour lequel toutes les finales classiques de régimes étaient indifférentes. La finale us, comme signe de régime, appartient à la quatrième déclinaison latine : manus, magistratus, à l’accusatif pluriel. C’est là sans doute que la déclinaison mérovingienne est allée la chercher, aidée peut-être par des habitudes gauloises qui avaient conservé des préférences pour cette finale en réminiscence de leur accusatif pluriel.

M. de Jubainville indique encore un point où il croit reconnaître une influence gauloise ; c’est dans l’s finale que la langue d’oïl et la langue d’oc attribuent au cas sujet singulier des noms provenant de la deuxième déclinaison latine. Il fait remarquer que le latin archaïque supprimait, comme on le voit