Page:Emile Souvestre - Le Journaliste - Tome 1 - Charpentier 1839.djvu/187

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part des enfants, et qui n’accuse le plus souvent chez eux que l’avidité des émotions ou le despotisme d’une volonté sans conscience, avait pris chez Pierre un caractère plus farouche. Il aimait à effrayer les pâtres plus jeunes que lui en les menaçant de sa faux ou les asseyant sur la margelle d’un puits ; quand il avait entendu leurs cris d’angoisse, il riait d’une manière étrange, et les laissait aller, comme s’il lui eût suffi de se prouver à lui-même qu’il pouvait aussi faire souffrir. Sa piété, loin d’adoucir son humeur, sembla lui donner une teinte plus sombre. Ce qui le frappait dans les livres saints, c’étaient toujours les expiations sanglantes ; il s’arrêtait surtout avec une sorte de complaisance sur la passion du Christ, et, pour en avoir une image complète et vivante, il crucifiait des oiseaux. Parfois, lorsqu’il conduisait un attelage, et qu’il ren-