Page:Emile Souvestre - Le Journaliste - Tome 1 - Charpentier 1839.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lu, d’ailleurs, que les lois des Romains donnaient au mari droit de vie et de mort sur sa femme et sur ses enfants : il me sembla que je m’immortaliserais en mourant pour mon père. Je me représentais ces guerriers qui moururent pour leur patrie et leur roi ; je me disais : « Ces gens-là mouraient pour soutenir le parti d’un homme qu’ils ne connaissaient pas et qui ne les connaissait pas non plus, qui n’avait jamais pensé à eux ; et moi, je mourrai pour délivrer un homme qui m’aime. J’avais vu aussi, dans une histoire de naufrages, que m’avait prêtée Lerat, que lorsque les marins manquaient de vivres, ils faisaient un sacrifice de quelqu’un d’entre eux pour sauver le reste de l’équipage. Je pensais : Je me sacrifierai de même pour mon père ; puis je disais : Notre-Seigneur Jésus-Christ est mort sur la croix pour sauver les hommes, pour les racheter du