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AU BONHEUR DES DAMES.

que M. Boutarel, un gros homme sanguin, lâcha sa fille, effaré, à la recherche de sa femme, il finit par retrouver cette dernière dans un salon d’essayage, devant lequel on offrit poliment de le faire asseoir. Ces salons étaient d’étroites cellules, fermées de glaces dépolies, et où les hommes, même les maris, ne pouvaient entrer, par une exagération décente de la direction. Des vendeuses en sortaient, y rentraient vivement, laissant chaque fois deviner, dans le battement rapide de la porte, des visions de dames en chemise et en jupon, le cou nu, les bras nus, des grasses dont la chair blanchissait, des maigres au ton de vieil ivoire. Une file d’hommes attendaient sur des chaises, l’air ennuyé. Et M. Boutarel, quand il avait compris, s’était fâché carrément, criant qu’il voulait sa femme, qu’il entendait savoir ce qu’on lui faisait, qu’il ne la laisserait certainement pas se déshabiller sans lui. Vainement, on tâchait de le calmer : il semblait croire qu’il se passait là dedans des choses inconvenantes. Madame Boutarel dut reparaître, pendant que la foule discutait et riait.

Alors, Denise put passer avec ses frères. Tout le linge de la femme, les dessous blancs qui se cachent, s’étalait dans une suite de salles, classé en divers rayons. Les corsets et les tournures occupaient un comptoir, les corsets cousus, les corsets à taille longue, les corsets cuirasses, surtout les corsets de soie blanche, éventaillés de couleur, dont on avait fait ce jour-là un étalage spécial, une armée de mannequins sans tête et sans jambes, n’alignant que des torses, des gorges de poupée aplaties sous la soie, d’une lubricité troublante d’infirme ; et, près de là, sur d’autres bâtons, les tournures de crin et de brillanté prolongeaient ces manches à balai en croupes énormes et tendues, dont le profil prenait une inconvenance caricaturale. Mais, ensuite, le déshabillé galant commençait, un déshabillé qui jonchait les vastes pièces,