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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/116

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IX


Le mois d’avril fut très-doux. Le soir, après le dîner, les enfants quittaient la salle à manger, pour aller jouer dans le jardin. Comme on étouffait au fond de l’étroite pièce, Marthe et le prêtre finirent, eux aussi, par descendre sur la terrasse. Ils s’asseyaient à quelques pas de la fenêtre, grande ouverte, en dehors du rayon cru dont la lampe rayait les grands buis. Là, ils parlaient, dans la nuit tombante, des mille soins de l’œuvre de la Vierge. Cette continuelle préoccupation de la charité mettait dans leur causerie une douceur de plus. En face d’eux, entre les énormes poiriers de M. Rastoil et les marronniers noirs de la sous-préfecture, un large morceau de ciel montait. Les enfants couraient sous les tonnelles, à l’autre bout du jardin ; tandis que de courtes querelles, dans la salle à manger, haussaient brusquement les voix de Mouret et de madame Faujas, restés seuls, s’acharnant au jeu.

Et parfois Marthe, attendrie, pénétrée d’une langueur qui ralentissait les paroles sur ses lèvres, s’arrêtait, en voyant la