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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

serait pas moins grande. Le prêtre lui conseilla d’exiler Guillaume, pendant deux ou trois mois, dans une propriété qu’il possédait à quelques lieues ; lui, se chargeait du reste. Le dénoûment fut des plus simples. Dès que Guillaume fut parti, la commission mit la demande de côté, en déclarant que rien ne pressait et qu’une décision serait prise ultérieurement.

Le docteur Porquier apprit cette solution par Lucien Delangre, une après-midi, comme il se trouvait dans le jardin de la sous-préfecture. Il courut à la terrasse. C’était l’heure du bréviaire de l’abbé Faujas ; il était là, sous la tonnelle des Mouret.

— Ah ! monsieur le curé, que de remercîments ! dit le docteur en se penchant. Je serais bien heureux de vous serrer la main.

— C’est un peu haut, répondit le prêtre, qui regardait le mur avec un sourire.

Mais le docteur Porquier était un homme plein d’effusion, que les obstacles ne décourageaient pas.

— Attendez, s’écria-t-il. Si vous le permettez, monsieur le curé, je vais faire le tour.

Et il disparut. L’abbé, toujours souriant, se dirigea lentement vers la petite porte qui s’ouvrait sur l’impasse des Chevillottes. Le docteur donnait déjà contre le bois de petits coups discrets.

— C’est que cette porte est condamnée, murmura le prêtre… Il y a un des clous qui est cassé… Si l’on avait un outil, ça ne serait pas difficile d’enlever l’autre.

Il regarda autour de lui, aperçut une bêche. Alors, d’un léger effort, il ouvrit la porte, dont il avait tiré les verroux. Puis, il sortit dans l’impasse des Chevillottes, où le docteur Porquier l’accabla de bonnes paroles. Comme ils se promenaient en causant le long de l’impasse, M. Maffre, qui se trouvait justement dans le jardin de M. Rastoil, ouvrit de