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XIII


Serge avait alors dix-neuf ans. Il occupait au second étage, une petite chambre, en face de l’appartement du prêtre, où il vivait presque cloîtré, lisant beaucoup.

— Il faudra que je jette tes bouquins au feu, lui disait Mouret avec colère. Tu verras que tu finiras par te mettre au lit.

En effet, le jeune homme était d’un tempérament si nerveux, qu’il avait, à la moindre imprudence, des indispositions de fille, des bobos qui le retenaient dans sa chambre pendant deux ou trois jours. Rose le noyait alors de tisane, et lorsque Mouret montait pour le secouer un peu, comme il le disait, si la cuisinière était là, elle mettait son maître à la porte, en lui criant :

— Laissez-le donc tranquille, ce mignon ! vous voyez bien que vous le tuez avec vos brutalités… Allez, il ne tient guère de vous, il est tout le portrait de sa mère. Vous ne les comprenez jamais, ni l’un ni l’autre.

Serge souriait. Son père, en le voyant si délicat, hésitait, depuis sa sortie du collége, à l’envoyer faire son droit à