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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

— Oui, vous avez raison, au bord du toit.

Mouret ne répondait plus ; il regardait la chambre, éclairée par la lumière crue du plein jour. Elle était moins solennelle, mais elle gardait son silence absolu. Décidément, pas un grain de poussière n’y contait la vie de l’abbé.

— D’ailleurs, continuait ce dernier, nous pourrions peut-être voir par la fenêtre… Attendez.

Et il ouvrit la fenêtre. Mais Mouret s’écria qu’il n’entendait pas le déranger davantage, que c’était une misère, que les ouvriers sauraient bien trouver le trou.

— Vous ne me dérangez nullement, je vous assure, dit l’abbé en insistant d’une façon aimable. Je sais que les propriétaires aiment à se rendre compte… Je vous en prie, examinez tout en détail… La maison est à vous.

Il sourit même en prononçant cette dernière phrase, ce qui lui arrivait rarement ; puis, quand Mouret se fut penché avec lui sur la barre d’appui, levant tous deux les yeux vers la gouttière, il entra dans des explications d’architecte, disant comment la tache avait pu se produire.

— Voyez-vous, je crois à un léger affaissement des tuiles, peut-être même y en a-t-il une de brisée ; à moins que ce ne soit cette lézarde que vous apercevez là, le long de la corniche, qui se prolonge dans le mur de soutènement.

— Oui, c’est bien possible, répondit Mouret. Je vous avoue, monsieur l’abbé, que je n’y entends rien. Le maçon verra.

Alors, le prêtre ne causa plus réparations. Il resta là, tranquillement, regardant les jardins, au-dessous de lui. Mouret, accoudé à son côté, n’osa se retirer, par politesse. Il fut tout à fait gagné, lorsque son locataire lui dit de sa voix douce, au bout d’un silence :

— Vous avez un joli jardin, monsieur.

— Oh ! bien ordinaire, répondit-il. Il y avait quelques beaux arbres que j’ai dû faire couper, car rien ne poussait