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LES ROUGON-MACQUART

Rozan dut obéir. Laure attendit qu’il fût sur le palier pour dire vivement à l’oreille de Larsonneau :

— Hein ! grand Lar, je suis de parole… Fourre-le dans sa voiture.

Quand la dame blonde prit congé de ces messieurs, pour remonter à son appartement, qui était à l’étage supérieur, Saccard fut étonné de ce que Maxime ne la suivait pas.

— Eh bien ? lui demanda-t-il.

— Ma foi, non, répondit le jeune homme. J’ai réfléchi…

Puis il eut une idée qu’il crut très drôle :

— Je te cède la place si tu veux. Dépêche-toi, elle n’a pas encore fermé sa porte.

Mais le père haussa doucement les épaules, en disant :

— Merci, j’ai mieux que cela pour l’instant, mon petit.

Les quatre hommes descendirent. En bas, le duc voulait absolument prendre Larsonneau dans sa voiture ; sa mère demeurait au Marais, il aurait laissé l’agent d’expropriation à sa porte, rue de Rivoli. Celui-ci refusa, ferma la portière lui-même, dit au cocher de partir. Et il resta sur le trottoir du boulevard Haussmann avec les deux autres, causant, ne s’éloignant pas.

— Ah ! ce pauvre Rozan ! dit Saccard, qui comprit tout à coup.

Larsonneau jura que non, qu’il se moquait pas mal de ça, qu’il était un homme pratique. Et, comme les deux autres continuaient à plaisanter et que le froid était très vif, il finit par s’écrier :

— Ma foi, tant pis, je sonne !… Vous êtes des indiscrets, messieurs.