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LES ROUGON-MACQUART

— C’est de la dernière indécence, n’est-ce pas, ma toute belle ?

— Ah bien ! dit enfin la jolie brune, c’est M. Michelin qui se fâcherait, si je me déshabillais comme ça !

— Et il aurait raison, conclut la courtière.

La bande des hommes graves n’était pas de cet avis. Ils s’extasiaient de loin. M. Michelin, que sa femme mettait si mal à propos en cause, se pâmait, pour faire plaisir à M. Toutin-Laroche et au baron Gouraud, que la vue de Renée ravissait. On complimenta fortement Saccard sur la perfection des formes de sa femme. Il s’inclinait, se montrait très touché. La soirée était bonne pour lui, et sans une préoccupation qui passait par instants dans ses yeux, lorsqu’il jetait un regard rapide sur sa sœur, il eût paru parfaitement heureux.

— Dites, elle ne nous en avait jamais autant montré, dit plaisamment Louise à l’oreille de Maxime, en lui désignant Renée du coin de l’œil.

Elle se reprit, et avec un sourire indéfinissable :

— À moi, du moins.

Le jeune homme la regarda, d’un air inquiet, mais elle continuait à sourire, drôlement, comme un écolier enchanté d’une plaisanterie un peu forte.

Le bal fut ouvert. On avait utilisé l’estrade des tableaux vivants, en y plaçant un petit orchestre, où les cuivres dominaient ; et les bugles, les cornets à pistons, jetaient leurs notes claires dans la forêt idéale, aux arbres bleus. Ce fut d’abord un quadrille : Ah ! il a des bottes, il a des bottes, Bastien ! qui faisait alors les délices des bastringues. Ces dames dansèrent. Les polkas, les valses, les mazurkas, alternèrent avec les quadrilles. Le large balancement des couples allait et venait, emplis-