Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle s’interrompit et ajouta vivement :

— À propos, je te félicite… Oh ! ne fais pas la bête, on m’a dit que c’était pour le mois prochain.

Pauline lui avait rendu ses caresses, d’un air gravement tendre de sœur aînée, bien qu’elle fût sa cadette de dix-huit mois. Une rougeur légère lui montait aux joues, il s’agissait de son mariage avec Lazare.

— Mais non, on t’a trompée, je t’assure, répondit-elle. Rien n’est fixé, il est seulement question de cet automne.

En effet, madame Chanteau, mise en demeure, avait parlé de l’automne, malgré ses répugnances, dont les jeunes gens commençaient à s’apercevoir. Elle était revenue à son premier prétexte, elle aurait préféré, disait-elle, que son fils eût d’abord une position.

— Bon ! reprit Louise, tu es cachottière. Enfin, j’en serai, n’est-ce pas ?… Et Lazare, il n’est donc pas là ?

Chanteau, que l’abbé avait battu, fit la réponse.

— Alors, tu ne l’as pas rencontré, Louisette ? Nous disions tout à l’heure que vous alliez arriver ensemble. Oui, il est à Bayeux, une démarche auprès de notre sous-préfet. Mais il rentrera ce soir, un peu tard peut-être.

Et, se remettant à son jeu :

— C’est moi qui commence, l’abbé… Vous savez que nous les aurons, les fameux épis, car le département ne peut, dans cette affaire, nous refuser une subvention.

C’était une nouvelle aventure qui passionnait Lazare. Aux dernières grandes marées de mars, la mer avait encore emporté deux maisons de Bonne-