Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/396

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— Qui ? mon Dieu ! s’écria Lazare… Est-ce que je sais ? est-ce que je puis ?

Des larmes l’étranglaient de nouveau, pendant que sa cousine, très pâle, restait muette, devant cette alternative redoutable.

— Si je tente la version, continua le docteur qui discutait ses incertitudes tout haut, l’enfant sortira sans doute en bouillie. Et je crains de fatiguer la mère, elle souffre déjà depuis trop longtemps… D’autre part, l’opération césarienne assurerait la vie du petit ; mais l’état de la pauvre femme n’est pas désespéré au point que je me sente le droit de la sacrifier ainsi… C’est une question de conscience, je vous supplie de prononcer vous-mêmes.

Les sanglots empêchaient Lazare de répondre. Il avait pris son mouchoir, il le tordait convulsivement, dans l’effort qu’il faisait pour retrouver un peu de raison. Chanteau regardait toujours, stupéfié. Et ce fut Pauline qui put dire :

— Pourquoi êtes-vous descendu ?… C’est mal de nous torturer, lorsque vous êtes seul à savoir et à pouvoir agir.

Justement, madame Bouland venait annoncer que la situation s’aggravait.

— Est-on décidé ?… Elle s’affaiblit.

Alors, dans un de ces brusques élans qui déconcertaient, le docteur embrassa Lazare, en le tutoyant.

— Écoute, je vais tâcher de les sauver tous les deux. Et s’ils succombent, eh bien ! j’aurai plus de chagrin que toi, parce que je croirai que c’est de ma faute.

Rapidement, avec la vivacité d’un homme résolu, il discuta l’emploi du chloroforme. Il avait apporté le nécessaire, mais certains symptômes lui