Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/179

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Et elle n’acheva point, lui-même ne la força pas à s’expliquer plus nettement.

— Alors, demanda-t-il, quand veux-tu que je dise à Ramond de venir ?

— Mais il peut venir quand il voudra, jamais ses visites ne m’ont contrariée… Ne t’en inquiète pas, je le ferai avertir que nous l’attendons, une de ces après-midi.

Le surlendemain, la scène recommença. Clotilde n’avait rien fait, et Pascal, cette fois, se montra violent. Il souffrait trop, il avait des crises de détresse, dès qu’elle n’était plus là, pour le calmer par sa fraîcheur souriante. Et il exigea, avec des mots rudes, qu’elle se conduisît en fille sérieuse, qu’elle ne s’amusât pas davantage d’un homme honorable et qui l’aimait.

— Que diable ! puisque la chose doit se faire, finissons-en ! Je te préviens que je vais envoyer un mot à Ramond et qu’il sera ici demain, à trois heures.

Elle l’avait écouté, les yeux à terre, muette. Ni l’un ni l’autre ne semblaient vouloir aborder la question de savoir si le mariage était bien résolu ; et ils partaient de cette idée qu’il y avait là une décision antérieure, absolument prise. Quand il lui vit relever la tête, il trembla, car il avait senti passer un souffle, il la crut sur le point de dire qu’elle s’était interrogée et qu’elle se refusait à ce mariage. Que serait-il devenu, qu’aurait-il fait, mon Dieu ! Déjà, il était envahi d’une immense joie et d’une épouvante folle. Mais elle le regardait, avec ce sourire discret et attendri qui ne quittait plus ses lèvres, et elle répondit d’un air d’obéissance :

— Comme il te plaira, maître. Fais-lui dire d’être ici demain, à trois heures.

La nuit fut si abominable pour Pascal, qu’il se leva tard, en prétextant que ses migraines l’avaient repris. Il n’éprouvait de soulagement que sous l’eau glacée de la