Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/186

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Il vaut mieux que nous nous séparions… Et puis, j’ignore ce que tu penses, tu ne m’as jamais donné la réponse que j’attendais.

Vainement, elle cherchait son regard. Elle se mit à parler de cette nuit terrible, où ils avaient parcouru les dossiers ensemble. C’était vrai, dans l’ébranlement de tout son être, elle ne lui avait pas dit encore si elle était avec lui ou contre lui. Il avait raison d’exiger une réponse.

Elle lui reprit les mains, elle le força à la regarder.

— Et c’est parce que je suis ton ennemie que tu me renvoies ?… Écoute donc ! Je ne suis pas ton ennemie, je suis ta servante, ton œuvre et ton bien… Entends-tu ? je suis avec toi et pour toi, pour toi seul !

Il rayonnait, une joie immense s’allumait au fond de ses yeux.

— Je les mettrai, ces dentelles, oui ! Elles serviront à ma nuit de noces, car je désire être belle, très belle, pour toi… Mais tu n’as donc pas compris ! Tu es mon maître, c’est toi que j’aime…

D’un geste éperdu, il essaya inutilement de lui fermer la bouche. Dans un cri, elle acheva.

— Et c’est toi que je veux !

— Non, non ! tais-toi, tu me rends fou !… Tu es fiancée à un autre, tu as engagé ta parole, toute cette folie est heureusement impossible.

— L’autre, je l’ai comparé à toi, et je t’ai choisi… Je l’ai congédié, il est parti, il ne reviendra jamais plus… Il n’y a que nous deux, et c’est toi que j’aime, et tu m’aimes, je le sais bien, et je me donne…

Un frisson le secouait, il ne luttait déjà plus, emporté dans l’éternel désir, à étreindre, à respirer en elle toute la délicatesse et tout le parfum de la femme en fleur.

— Prends-moi donc, puisque je me donne !