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LE VENTRE DE PARIS.

Elle espérait savoir quelque chose dans cette chambre, puisqu’elle ne comptait plus sur le marchand de volailles. Elle fit lentement le tour, examina le lit, la cheminée, les quatre coins. La fenêtre de la petite terrasse était ouverte, le grenadier en boutons baignait dans la poussière d’or du soleil couchant. Alors, il lui sembla que sa fille de boutique n’avait pas quitté cette pièce, qu’elle y avait encore couché la nuit précédente ; elle n’y sentait pas l’homme. Ce fut un étonnement, car elle s’attendait à trouver des caisses suspectes, des meubles à grosses serrures. Elle alla tâter la robe d’été d’Augustine, toujours pendue à la muraille. Puis, elle s’assit enfin devant la table, lisant une page commencée où le mot « révolution » revenait deux fois. Elle fut effrayée, ouvrit le tiroir, qu’elle vit plein de papiers. Mais son honnêteté se réveilla, en face de ce secret, si mal gardé par cette méchante table de bois blanc. Elle restait penchée au-dessus des papiers, essayant de comprendre sans toucher, très-émue, lorsque le chant aigu du pinson, dont un rayon oblique frappait la cage, la fit tressaillir. Elle repoussa le tiroir. C’était très-mal ce qu’elle allait faire là.

Comme elle s’oubliait, près de la fenêtre, à se dire qu’elle devait prendre conseil de l’abbé Roustan, un homme sage, elle aperçut, en bas, sur le carreau des Halles, un rassemblement autour d’une civière. La nuit tombait ; mais elle reconnut parfaitement Cadine qui pleurait, au milieu du groupe ; tandis que Florent et Claude, les pieds blancs de poussière, causaient vivement, au bord du trottoir. Elle se hâta de descendre, surprise de leur retour. Elle était à peine au comptoir, que mademoiselle Saget entra, en disant :

— C’est ce garnement de Marjolin qu’on vient de trouver dans la cave, avec la tête fendue… Vous ne venez pas voir, madame Quenu ?

Elle traversa la chaussée pour voir Marjolin. Le jeune homme était étendu, très-pâle, les yeux fermés, avec une