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SON EXCELLENCE EUGÈNE ROUGON.

— Autrefois, murmurait-il, Marsy m’avait offert de vendre l’affaire à la Compagnie de l’Ouest. Je suis tout prêt à rentrer en pourparlers. Il suffirait d’obtenir une loi…

Clorinde les appela discrètement d’un geste. Et, penchés tous deux au-dessus du lit, ils causèrent longuement avec elle. Marsy n’avait pas de rancune. Elle lui parlerait. Elle lui offrirait le million qu’il demandait, l’année précédente, pour appuyer la demande de concession. Sa situation de président du Corps législatif lui permettrait d’obtenir très-aisément la loi nécessaire.

— Allez, il n’y a encore que Marsy, si l’on veut le succès de ces sortes d’affaires, dit-elle en souriant. Quand on se passe de lui, pour en lancer une, on est bientôt forcé de l’appeler, pour le supplier d’en raccommoder les morceaux.

Dans la chambre, maintenant, tout le monde parlait à la fois, très-haut, Madame Correur expliquait son dernier désir à madame Bouchard : aller mourir à Coulonges, dans la maison de sa famille ; et elle s’attendrissait sur les lieux où elle était née, elle forcerait bien madame Martineau à lui rendre cette maison toute pleine des souvenirs de son enfance. Les invités, fatalement, revenaient à Rougon : M. d’Escorailles racontait la colère de son père et de sa mère, qui lui avaient écrit de rentrer au Conseil d’État, de briser avec le ministre, en apprenant les abus de pouvoir de celui-ci ; le colonel racontait comment le gros homme s’était absolument refusé à demander pour lui à l’empereur une situation dans les palais impériaux ; M. Béjuin lui-même se lamentait de ce que Sa Majesté n’était pas venue visiter la cristallerie de Saint-Florent, lors de son dernier voyage à Bourges, malgré l’engagement formel pris