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IV


Le cortége du baptême devait partir du pavillon de l’Horloge, à cinq heures. L’itinéraire était la grande allée du jardin des Tuileries, la place de la Concorde, la rue de Rivoli, la place de l’Hôtel-de-Ville, le pont d’Arcole, la rue d’Arcole et la place du Parvis.

Dès quatre heures, la foule fut immense au pont d’Arcole. Là, dans la trouée que la rivière faisait au milieu de la ville, un peuple pouvait tenir. C’était un élargissement brusque de l’horizon, avec la pointe de l’île Saint-Louis au loin, barrée par la ligne noire du pont Louis-Philippe ; à gauche, le petit bras se perdait au fond d’un étranglement de constructions basses ; à droite, le grand bras ouvrait un lointain noyé dans une fumée violâtre, où l’on distinguait la tache verte des arbres du Port-aux-Vins. Puis, des deux côtés, du quai Saint-Paul au quai de la Mégisserie, du quai Napoléon au quai de l’Horloge, les trottoirs allongeaient des grandes routes ; tandis que la place de l’Hôtel-de-Ville, en face du pont, étendait une plaine. Et sur ces vastes espaces, le ciel, un ciel de juin d’une pureté chaude, mettait un pan énorme de son infini bleu.

Quand la demie sonna, il y avait du monde partout. Le long des trottoirs, des files interminables de curieux, écrasés contre les parapets, stationnaient. Une mer de