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iv
OBSERVATIONS GÉNÉRALES.

femmes, et de plusieurs militaires, les anciens Recueils lui donneront peu de secours. A peine y trouvera-t-il quatre ou cinq coiffures et cinq ou six ajustemens de femmes. Les dessins des costumes militaires s’y trouvent en aussi petit nombre. Au contraire, dans ce Recueil l’artiste verra plus de trente coiffures et ajustemens de femmes, et autant de costumes militaires. J’ose dire avec quelque confiance, que cette abondance seule doit le faire distinguer de tous les autres.

Ce que je viens de dire au sujet de l’étendue de ce Recueil, s’applique avec encore plus de justice aux quatre autres parties qu’il présente seul, et que l’on chercheroit vainement dans les Recueils de costumes publiés jusqu’à ce jour. Montfaucon voulut faire connoître, dans son Antiquité expliquée, toutes les têtes mythologiques. Mais on sait que ce savant, dont on ne peut assez louer le zèle, a mêlé avec les antiques beaucoup de compositions modernes de sorte qu’il ne peut faire autorité. D’ailleurs, les découvertes faites depuis lui, et les travaux des Gori, des Winckelmann, des Visconti, etc. ont tellement agrandi le champ de l’antiquité, que l’ouvrage de Montfaucon est aujourd’hui très-incomplet.

Quant aux têtes des Grecs, des Romains et des Barbares qui se sont conservées, et qui appartiennent à des personnages dont l’Histoire fait mention, c’est la première fois qu’on les joint aux : Recueils de costumes. Fulvius Ursinus et ses copistes, Gronovius dans son Thesaurus antiquitatum graecarum, ont jeté les fondemens de ce travail, auquel Winckelmann et Visconti ont beaucoup ajouté ; mais aucun d’eux n’a donné une collection aussi étendue. Celle que présente ce Recueil, et qui forme un Traité d’Iconographie, sera très-utile aux artistes, qui ne perdront plus un tems précieux à chercher un portrait antique qui n’existe pas, ou qui ne se trouve que dans un ouvrage volumineux, rare et très-cher. II est naturel de connoître les traits de ses héros avant de chercher à les revêtir d’habillemens ou d’armures pareilles à celles qui étoient en usage dans les siecles où ils ont vécu. Les auteurs des Recueils de costumes n’ont point fait cette observation si naturelle, ou ils ont redouté les peines qu’exigeoit un semblable travail.

Quant aux couleurs des draperies que portent ordinairement les dieux et les héros dans les peintures antiques, Winckelmann en a parlé succinctement mais aucun auteur n’a donné à cette recherche autant d’étendue qu’on lui en trouvera ici. On sait que chez les Anciens la peinture et la sculpture étoient une sorte d’écriture hiéroglyphique, et que tout, attributs, couleurs des draperies, etc. étoit ordonné d’après des notions constantes et généralement connues. En lisant cette observation, on jugera de l’importance de notre travail.

Pour former ce Recueil, je n’ai point fait usage de tous les monumens qui passent pour être antiques ; mais je me suis attaché seulement à ceux dont l’antiquité n’est point suspecte, et, lorsque ceux-ci ont été restaurés, aux seules parties qui sont l’ouvrage de l’ancien artiste. Ce désir de n’offrir que des dessins de costumes antiques m’a fait négliger la plupart des statues, parce que leurs pieds et leurs mains, avec les attributs qu’elles tiennent, sont modernes. Je me suis borné en général à ne faire usage que des bas-reliefs, des pierres gravées, des médailles et des peintures. Ces monumens sont entiers pour la plupart, ou si quelques-uns ont souffert quelque restauration, on peut la distinguer avec facilité.

Le même désir m’a fait rejeter les auteurs de Recueils d’antiquités, dont la fidélité est suspecte. C’est pour cela que je n’ai point fait usage des médailles dessinées par Goltzius, parce qu’on y en voit un grand nombre dont on n’a jamais connu l’existence. II en est de même des Memorie Bresciane de Rossi, Recueil fait à plaisir quant à la plus grande partie des monumens qu’il présente. Les Costumes de Dandré-Bardon ne méritent pas d’être cités, parce que les exemples en sont pris dans les tableaux des peintres modernes, Raphaël, le Poussin, etc.

Je dois un juste tribut de louanges aux Costumes de Lens. Les modèles sont bien choisis les bonnes sources y sont indiquées. On desireroit seulement que son Recueil eût été plus étendu, et qu’il eût soigné davantage son stylé.

La troisième partie, qui présente les figures mythologiques et historiques, est, quant aux premières, un véritable Traité d’Iconologie ; mais ce Traité a sur les autres l’avantage de ne rien offrir qui ne soit antique.