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PER PER


médecine fit placer son portrait dans le lieu de ses séances, à la suite de ceux des médecins célèbres de tous les temps, qui avoient le mieux mérité de la science et de l’humanité. Non moins juste que les contemporains, la postérité a conservé à l’auteur de la colonnade du Louvre, au savant traducteur de Vitruve, un rang distingué parmi les hommes qui ont illustré le siècle de Louis XIV.

PERRON, s. m. Lieu élevé, à découvert, et en dehors d’une maison, d’un édifice quelconque, lequel est composé d’un petit nombre de marches, soit construit par encorbellement, de manière à former une sorte de voûte, soit établi sur un massif pour conduire à un étage exhaussé au-dessus du sol, ou pour communiquer à quelque terrasse dans un jardin.

Ou donne aux perrons différens noms, selon la forme de leur construction.

Perron a pans est celui dont les encoignures sout coupées.

Perron cintré. Perron dont les marches sont rondes ou ovales. Il y a de ces perrons qui ont une partie de leurs marches convexes, et l’autre partie est concave. Cela forme dans le milieu un palier circulaire.

Perron double. On appelle ainsi celui qui a deux rampes égales, qui tendent à un même palier, comme celui de la cour du Capitole à Rome ; ou celui qui a deux rampes opposées pour arriver à deux paliers, comme celui de la Cour des fontaines à Fontainebleau. Il y a des perrons doubles qui ont ces deux dispositions de rampes en sorte que par un perron carré, on monte sur un palier, d’où partent deux rampes opposées, qui conduisent chacune à un palier rectangulaire : de ce palier on monte par deux autres rampes à un palier commun. On voit de ces perrons au jardin des Tuileries, et ils sont du dessin de le Nôtre.

Perron carré. Perron qui est d’équerre, comme est celui qui est en avant du péristyle de l’église de la Sorbonne, dans la cour, à Paris, ou celui qui est établi au-devant du portail de Sainte-Geneviève. Tel est encore celui de l’église du Val-de-Grâce.

PERSE-PERSANNE (Architecture). On peut traiter de l’architecture d’un peuple, faire l’analyse de ses principes, de ses pratiques, de ses formes, et de ce qui constitua ou ses usages, ou les habitudes que diverses sortes de besoin lui firent prendre, lorsqu’un nombre de monumens élevés en différens temps, qui se sout succédé pendant des siècles, ou qui furent consacrés à plus d’une sorte d’emplois, mettent à portée d’y établir l’espèce de critique dont l’art de bâtir est susceptible.

Comment essayeroit-on de faire et de communiquer aux autres une idée de l’architecture persanne d’après le peu qu’on en connoît ? Qu’est-ce qu’un reste d’édifice unique, lorsqu’on ignore même l’époque précise à laquelle il fut construit, s’il ne le fut point par des artistes étrangers au pays, quelle fut sa destination, si son goût fut le goût natif du pays, ou ne fut pas un mélange d’idées, de styles, de manières étrangères à ce pays ?

« Ce qui nous reste de l’architecture des Persans (a dit Winckelmann dans son Histoire de l’art), prouve qu’ils étoient grands a mateurs d’ornemens. Il les prodiguoient outre mesure, défaut qui faisoit perdre beaucoup de la majestueuse grandeur de leurs bâtimens. Les grandes colonnes de Persepolis ont jusqu’à quarante cannelures, mais larges seulement de trois pouces. Les colonnes grecques au contraire n’en avoient que vingt-quatre, mais fort larges, et qui excédoient quelquefois la largeur d’un palme. Ce n’étoit pas assez au goût des Perses de multiplier ainsi les cannelures sur leurs colonnes. Cet ornement ne leur suffison pas ; y joignoient encore des figures en relief, dont ils ornoient le haut de ces colonnes. »

Ces détails, Winckelmann les tenoit des dessins faits d’après le fragment d’édifice de Tchelminar, l’antique Persepolis. C’est peut-être assez pour des conjectures générales sur le goût des Persans, qui très-surement dûrent porter dans leur art et dans l’architecture surtout cet instinct de caprice, cet amour de marveilleux commun à toute l’Asie, et que nous avons déjà caractérisé à l’article Asiatique (Architecture).

Mais s’il y en a assez des ruines de Persepolis pour montrer que les Perses, comme tous les autres peuples de l’Asie, furent dominés plutôt par cet instinct de l’imagination qui ne connoît point de règles, ou par celui de la routine qui obéit en esclave à ce qui a déjà été, que par l’esprit d’imitation qui cherche dans les œuvres de la nature ou des modèles, ou des principes, ou des raisons, on conviendra qu’il faut s’en tenir à une théorie générale à leur égard. Des applications plus particulières ne sauroient former qu’un système sans point d’appui.

On a pu raisonner sur l’architecture de l’Egypte, sur celle de l’Inde, sur celle de la Chine. On a pu de leurs nombreux ouvrages déduire pour conséquence, que telle fut leur manière de construire, de disposer, d’orner les édifices ; que telles ou telles formes, tels ou tels plans, tels ou tels détails, s’appliquoient d’une manière constante à un genre ou à un autre de monumens. On a pu chercher et peut-être indiquer avec quelque vraisemblance le principe originaire de leur manière de bâtir, c’est-à-dire, la cause première qui, selon le

besoin