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ple, dit Pline, on en fabriquoit des ruches, afin de pouvoir observer le travail des abeilles. C’est pour le même objet qu’on fait aujourd’hui des ruches de verre.

Nous renvoyons le lecteur au mot Spéculaire, où l’on traite de toutes les matières qui furent jadis les équivalens du verre. Voyez Spéculaire.

PHIGALIE, ville antique de l’Arcadie, située à peu de distance du mont Cotylus, sur lequel étoit construit un des plus beaux temples du Péloponèse. Pausanias s’exprime ainsi, lib. VIII, cap. 41.

« Phigalie est environnée de montagnes…… Le mont Cotylus est à quarante stades de la ville. Il y a un temple d’Apollon Epicurius (libérateur), bâti en marbre, et doit la voûte est de la même matière. Il est, à l’exception de celui de Tégée, le plus beau du Péloponèse, et pour la matière et pour l’art…… L’architecte de ce temple fut Ictinus, qui vécut au temps de Péricles, et qui avoit bâti le Parthénon à Athènes. »

En 1812, la compagnie anglaise et allemande, occupée de recherches dans la Grèce, découvrit les restes encore bien conservés de ce temple, et y trouva une suite de bas-reliefs, qui avoient composé une frise dans son intérieur. Ces bas-reliefs, dont on ne donnera ici qu’une légère mention, sont aujourd’hui partie du Muséum des antiquités de Londres.

Le temple que nous appellerons de Phigalie, comme ayant été une dépendance de cette ville, n’est pas encore bien connu dans toutes ses particularités. Les dessins que nous en connoissons suffisent pour en donner une idée générale ; mais ils laissent à desirer les détails instructifs de ses mesures partielles, et les autorités positives, sur lesquelles doivent se fonder plusieurs notions relatives à ce que sa disposition intérieure offre de nouveau.

Quant à l’extérieur, nous dirons en peu de mots, qu’il est formé, comme presque tous les temples grecs qui nous sont parvenus, d’un ordre dorique sans base, que son ordonnance est exastyle, et que le rang de colonnes qui règne tout à l’entour, le place dans la classe des périptères. Il a deux portiques parfaitement semblables, l’un en devant, l’autre en arrière.

La partie la plus curieuse de ce temple, la plus neuve et la plus instructive pour l’histoire des temples antiques, est celle de son intérieur, et de la disposition de son naos. Il se divisoit en deux espace : l’un plus étendu et orné de colonnes, l’autre formant une pièce carrée, séparée de la précédente par une colonne d’ordre corinthien, lorsque les colonnes de la grande nef sont ioniques. Celles-ci, au lieu d’être isolées, comme elles l’étoient dans l’intérieur des temples de Minerve à Athènes, et de Jupiter à Olympie, se trouvoient adossées à un piédroit, lié au mur de la cella. Chaque entre-colonnement devoit ainsi former un renfoncement assez semblable à celui qui, dans nos églises, constitue ce que nous appelons des chapelles particulières.

Nous ne nous étendrons pas davantage sur les détails de cette architecture qui, ainsi qu’on l’a déjà dit, attendent des dessins plus développés. Ceux que nous avons sous les yeux sout partie de la collection des bas-reliefs de ce temple, collection publiée à Rome, en 1814. Ils font toutefois assez bien connoître la distribution du naos intérieur dont on vient de parler, pour qu’il soit permis de s’en autoriser dans la manière d’entendre un certain passage de la mention faite par Pausanias.

C’est assez l’usage des critiques et des antiquaires (et on ne sauroit trop les en blâmer) de n’admettre, à l’égard des pratiques de l’art des Anciens, que ce dont on trouve des témoignages irrécusables dans les restes ou les ruines des monumens. Cependant, quand on pense au déluge de destruction qui a englouti les ouvrages de vingt siècles, et à ce peu de fragmens qui nous en reste, si l’on doit être sobre de conjectures pour restituer et pour affirmer, il faut aussi se défier de l’esprit absolu qui nie ce dont on n’a pu encore retrouver la preuve.

Lorsque surtout une multitude de vraisemblances et de considérations puisées dans la nature des choses, nous montre comme nécessaire tel ou tel usage, tel ou tel procédé d’une part, et que de l’autre toutes sortes d’invraisemblances se réunissent pour prouver, par une épreuve inverse, que l’usage en question ne put point ne pas être ; que d’ailleurs rien, dans les monumens, ne s’oppose à ce que l’on admette l’hypothèse donnée, et que même beaucoup d’inductions et d’analogies la renforcent, alors il nous semble qu’il est permis d’avancer certaines opinions, eu appelant toutefois à de plus amples renseignemens.

C’est ce que nous fimes il y a une quinzaine d’années, dans une dissertation qui fait partie des Mémoires de la classe de littérature ancienne de l’lnstitut, et où nous prétendîmes établir, contre l’opinion généralement reçue, que le naos intérieur des temples anciens, et surtout des grands temples périptères, devoit être éclairé, et ensuite que le temple appelé hypœtre ne devoit pas avoir son naos intérieurement découvert. Nous avons inséré une partie de ces notions au mot Fenêtre de ce Dictionnaire. Voyez Fenêtre.

En essayant de prouver ces diverses thèses, nous dûmes rechercher et dans les monumens existans, et dans les notions des écrivains anciens, des exemples propres à confirmer, nonseulement que plusieurs des temples périptères avoient des couvertures, en toitures et en plafonds, mais que quelques-uns même avaient été voûtés en pierre. La notion de Pausanias sur le

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