Le mot pied s’emploie dans une multitude de cas, et s’applique à un très-grand nombre de choses dans l’architecture. Il suffit d’en faire simplement une courte mention. Tout le monde sait, en effet, qu’on dit le pied d’un mur, d’une colonne, d’une tour, etc.: pied alors ne signifie que l’extrémité inférieure, c’est-à-dire, cette partie de l’objet qui lui est ce que le pied est au corps de l’homme.
On donne le nom de pied à plus d’un genre de supports, que l’art de l’ornement sait embellir, et qui ajoutent un fort grand prix aux objets dont ils font partie. Ainsi les Anciens avoient appelé tripodes à trois pieds, trépieds, ces autels portatifs en bronze, qu’on imita depuis en marbre, et qui consistoient en un brasier soutenu par trois supports ou pieds, qu’on auroit pu appeler également jambes. Les pieds dont on parle formoient le principal mérite de ces ouvrages, parmi lesquels on peut citer de véritables chefs-d’œuvre d’invention, de composition, de goût et d’exécution. Ce fut jadis pour la sculpture d’ornement un sujet inépuisable, et où l’art des meubles modernes trouve à copier les pins agréables modèles pour la forme et les détails. Mais nous renvoyons, pour en traiter plus amplement, au mot Trepied.
Les Anciens portèrent aussi le goût du même genre de luxe dans les pieds des lits sur lesquels les convives se plaçoient pour leurs repas. Le plus souvent on les faisoit d’ivoire. C’étoit un grand objet de commerce que la fabrication des pieds de tout genre, dont on ornoit les siéges, les tables, les buffets. On y employoit les métaux et les matières les plus précieuses, et l’art de l’ornement y ajoutoit un prix infiniment plus grand.
Il suffira, pour en donner l’idée, de rappeler au lecteur les diversités de formes que l’artiste a su leur donner. Tantôt ce sont des pattes d’animaux, tantôt des figures de griffon, de sphinx, d’animaux symboliques ; tantôt des enroulemens capricieux, des contours en volutes, etc. ; tantôt des balustres, des colonnes, des pilastres, des montans d’arabesques.
La plupart de ces formes s’étant naturalisées aussi dans l’exécution et l’ornement des meubles, et des objets d’embellissemens que l’architecture des modernes s’est appropriés, nous n’alongerons pas cet article de la notion de tous les emplois qu’on fait du mot pied. On sait qu’il y a des pieds de siéges, de trônes, de tables, de consoles, de guéridons, et qu’on les adapte à ces usages, tantôt au nombre de quatre et même plus, tantôt au