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On en recouvre les cloisons de tout genre, les pans de bois, les planchers, etc. ; en sorte que depuis le rez-de-chaussée jusqu’au toit, une maison peut être toute revêtue en plâtre, et paroître non-seulement d’une seule matière, mais, on peut le dire, d’une seule pièce.

Il y a une différence essentielle à connoître entre le plâtre et le mortier, c’est que le plâtre gâché augmente de volume en faisant corps, au lieu que le mortier diminue, surtout lorsqu’il n’a pas été massivé. C’est pourquoi il y a des précautions à prendre lorqu’on se sert du plâtre pour certains ouvrages, tels que les voûtes, les cheminées qu’on adosse aux murs isolés, les plafonds et autres objets.

Les Anciens firent peu d’usage du plâtre dans leurs constructions ; il paroît qu’ils ne s’en sont servis que pour les enduits intérieurs, encore ne l’employoient-ils pas pur. Vitruve en blâme l’usage, parce que le plâtre faisant corps plus promptement que le mortier avec lequel on le mêle, l’enduit est sujet à gercer. Peut-être, là où il étoit abondant, l’employoient-ils, comme nous, dans la construction des maisons ordinaires. Comme cette matière dure peu, en comparaison du mortier, il peut se faire que ses enduits soient détruits depuis long-temps.

Le meilleur procédé pour cuire la pierre à plâtre, consiste à lui communiquer d’abord une chaleur modérée, pour dessécher l’humidité qu’elle contient. On augmente ensuite graduellement le feu, pour lui donner le degré de cuisson convenable, ce qui exige environ vingt-quatre heures. Lorsque le plâtre n’est pas assez cuit, il est aride et ne forme pas un corps assez solide. Lorsqu’il a éié trop cuit, il perd, quand on le gâche, ce que les maçons appellent amour, c’est-à-dire, qu’il n’est pas assez gras. Si le plâtre est cuit à propos, l’ouvrier sent, eu le maniant, qu’il a de la douceur sous les doigts, et qu’il s’y attache. C’est à cette propriété qu’il distingue la bonne qualité du plâtre.

Aussitôt qu’il est cuit, il doit être réduit en poudre, ce qu’on fait, soit en le battant, soit en l’écrasant avec des meules ou des cylindres de pierre. Pour peu qu’il soit exposé à l’air, il perd de sa qualité. Le soleil, en échaussant, le fait fermenter, l’humidité diminue sa force, et l’air emporte la plus grande partie de ses sels. C’est ce qui lui fait perdre son onctuosité, et la faculté de durcir promptement, comme de former un corps solide. Dans cet étal, le plâtre ne s’unit que foiblement aux matières qu’il doit lier, et l’on voit bientôt gercer les enduits auxquels il a été employé.

Lorsqu’on ne peut pas employer le plâtre aussitôt qu’il est cuit ou battu, ce qui arrive dans les pays où il est rare, et où l’on est obligé de le tirer de loin, il faut le faire venir en pierre avant qu’il cuit, ou bien il faut le renfermer dans des tonneaux, et le placer dans des endroits, où il soit également à l’abri et de l’humidité et de l’ardeur du soleil.

Quand on a des ouvrages précieux à faire, on choisit les pierres les mieux cuites, et on les fait écraser à part, avant que ceux qui préparent le plâtre aient fait le mélange des unes et des autres.

Pour gâcher le plâtre, à Paris, il faut autant d’eau que de plâtre ou environ. On commence par mettre l’eau dans l’auge ; on ajoute ensuite le plâtre en le semant avec la main ou avec la pelle, jusqu’à ce qu’il atteigne, ou à peu près, la surface de l’eau. Alors, on le remue avec une truelle, jusqu’à ce qu’il forme une pâle d’une consistance égale. Plus le plâtre est fort, plus il faut que cette opération se fasse vîte, afin que le maçon ait le temps de l’employer avant qu’il commence à se durcir.

On met plus ou moins d’eau pour gâcher le plâtre, en raison des ouvrages qu’on a à faire. Si l’on a besoin que le plâtre ait toute sa force, on n’y met que la quantité d’eau nécessaire pour l’employer tout de suite. C’est ce que les maçons appellent gâcher serré. Lorsqu’on y met plus d’eau, ils disent gâcher clair ; dans ce dernier cas, le plâtre donne plus de temps pour l’employer.

Il y a des ouvrages pour lesquels on est forcé de gâcher encore plus clair, comme, par exemple, lorsqu’il s’agit de l’étendre sur de grandes surfaces, pour faire des enduits.

Enfin, lorsqu’on doit remplir des vides, où la truelle et la main ne peuvent pas atteindre, comme pour sceller quelques dalles de revêtement, ou des marches, on emploie le plâtre, ce qu’on appelle par coulis. Ce plâtre extrêmement clair se verse par des godets placés de manière à ce qu’il puisse, en coulant, s’introduire dans toutes les cavités. On ne doit pas s’attendre qu’ainsi délayé, le plâtre puisse former un corps bien solide. Aussi ne l’emploie-t-on le plus souvent ainsi, que lorsque les corps qu’il faut sceller n’ont pas besoin d’une forte liaison, et tels sont les joints verticaux ou d’à-plomb. Il ne faut point user de ce procédé pour les lits horizontaux.

Les emplois du plâtre dans les bâtimens sont innombrables, on l’a déjdit. Un des plus usuels, et pour lequel cette matière est très-propre, est l’emploi des scellemens de gonds et de serrures.

Depuis quelques années, on a imaginé d’employer encore le plâtre à former des murs de cloison d’une nouvelle manière. On en fait de grands carreaux d’un pied et demi de long, sur un pied de large et deux pouces d’épaisseur. On les pose de champ, les joints se scellent en creusant dans l’épaisseur un espace qu’on remplit de plâtre gâché. Il ne faut employer ces carreaux que quand ils sont bien secs. Généralement on n’en use que pour faire très-promptement des cloisons de petite distribution, dans les appartemens

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