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PLE PLI


une nécessité, pour nous plaire, que cet édifice ne nous donne aucune inquiétude.

C’est là une des raisons de l’accord du vide et du plein dans toute construction. La nature seule des moyens de bâtir et des matériaux, met des bornes à l’abus du merveilleux, qu’on peut chercher à produire, par l’économie des pleins. Cependant on a vu quelquefois l’art de bâtir avoir recours à des moyens artificiels, pour se procurer le plus de vides possibles. Mais ces tours de force, lors même qu’on est rassuré sur l’effet de la solidité, ont toujours l’inconvénient de laisser dans l’esprit un sentiment d’inquiétude.

On peut se convaincre de la réalité de ce sentiment dans certaines constructions, telles que celles des ponts, où plus d’une sorte de raison, soit celle des crues d’eau, soit celle du peu de hauteur des berges, obligent ou de donner plus d’évasure aux arches, ou d’en surbaisser le cintre, par conséquent d’y augmenter le vide et d’y diminner le plein, autant qu’il est possible. Comme, soit dans la réalité, soit surtout pour les yeux, la ligne des arcs surbaissés offre une moindre idée de durée et de solidité, il est certain que l’on préfère la forme de voûte plein-cintre, où le plein et le vide sont dans un meilleur accord.

Dans les façades de maison, il faut également observer un rapport entre le vide des fenêtres, et le plein de leurs trumeaux. On ne parle ici que des maisons qui permettent de s’occuper du bon goût. Rien à prescrire pour toutes celles que des projets de location, de commerce, de convenances locatives, font élever, partout où on ne s’occupe d’autre intérêt que de celui de l’argent. Les maisons dont on parle n’appartiennent plus à l’architecture. Ce sont des espèces de cages, où l’on voudroit que les pleins n’eussent d’épaisseur que celle des grilles. En général, la moindre largeur des pleins qui forment les trumeaux, devroit être égale à celle des vides qui forment les fenêtres. En Italie, les pleins, dans les façades des palais, ont ordinairement beaucoup plus, et rien ne donne un plus bel aspect à la masse générale. Il est toutefois quelques palais, où les trumeaux ont tant de largeur, que l’idée de tristesse pour l’intérieur, et de pesanteur à l’extérieur, vient dénoncer à l’œil et à l’esprit cette sorte d’excès, et en fait sentir aussi l’abus.

C’est dans les intérieurs d’églises, que l’harmonie entre le plein et le vide, contribue particulièrement au bon effet que l’œil en attend. Généralement, et on doit le dire, l’excès du vide dans ces intérieurs, a l’avantage de les faire paroître plus spacieux qu’ils ne sont ; et comme la grandeur est une des qualités que nous desirons trouver aux œuvres de l’architecture, nous sommes portés à pardonner le vice même, auquel nous devons le sentiment du l’admiration, ou plutôt de l’étonnement.

Dans plus d’un article de ce Dictionnaire, mais surtout au mot Nef (voyez ce mot), l’on a fait sentir la supériorité des intérieurs formés de colonnes, sur ceux qui se composent d’arcades, de piédroits et de portiques. Ce dernier genre de construction ou de disposition nécessite des massifs, qui empêchent l’œil de parcourir toute l’étendue de l’espace, lorsque les percés, bien plus multipliés par les vides nombreux des entre-colonnemens, donnent à la vue la liberté de parcourir sans obstacle, toutes les superficies du terrain. Ajoutons que cette multiplicité même de supports légers, que l’on ne sauroit en quelque sorte dénombrer, donne l’idée et fait naître la sensation de l’indéfini, lorsqu’au contraire, le petit nombre des piédroits des arcades, dans une nef, et dont on fait l’addition en un clin d’œil, produit une impression bornée. Ceci est une affaire d’instinct, mais l’instinct qui est le premier juge de ces sortes d’impressions, doit être aussi consulté, par celui qui recherche les principes de la théorie du beau dans les arts.

A l’article Nef, nous avons toutefois rendu compte aussi des raisons qui s’opposent, dans le système des grandes églises voûtées, soit à l’emploi des colonnes, à la manière des Anciens, qui ne voûtèrent point les intérieurs des grands temples, soit à la pratique des piliers, selon la manière des Gothiques, qui ne se permirent de grands vides, dans les intérieurs de leurs églises, que par le moyen des voûtes d’arête et des arcs-boutans extérieurs.

Lorsque dans une église, comme celle de Saint-Pierre à Rome, en se plaignant que le plein dans les supports semble l’emporter sur le vide, on regrette le système des colonnes, on ne fait pas attention, que si l’on y perd l’espèce de grandeur qui résulte d’un dégagement des entre-colonnemens, on a, eu remplacement, une autre sorte de grandeur, qu’il faut seulement évaluer, non en détail, mais en masse. Effectivement, l’accord du plein avec le vide n’y est pas moins sensible ; mais il existe entre les masses des piédroits des arcades, et l’extraordinaire ouverture de ces arcades, entre les massifs énormes, si l’on veut, des piliers de la coupole, et le vide immense de cette coupole.

PLI, s. m. On appelle ainsi, dans la construction, l’angle rentrant, comme on appelle coude, ce qui produit un angle saillant dans la continuité, par exemple, d’un mur.

PLINTHE, s. f. Ce mot est dérivé du grec plinthos, qui signifie une brique, soit qu’on ait ainsi appelé une plinthe par simple analogie de ressemblance, soit parce qu’anciennement on auroit placé sous les colonnes, peut-être lorsqu’on les faisoit en bois, ou des briques ou de grandes dalles de terre cuite.

Il est assez reçu que tout corps qu’on place