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POL POM


unes aux autres dans toutes sortes de directions, formaient des espèces de voûtes irrégulières elles-mêmes, et dont les points d’appui étoient divers et multipliés.

Mais cette sorte de construction en polygones irréguliers, étoit d’un aspect désagréable a l’œil, qui dans l’architecture, aime précisément qu’on lui montre une certaine régularité, compagne de l’art.

On a essayé de faire, d’une telle façon de bâtisse, le caractère diagnostique d’un peuple, d’une époque de l’art, ou d’une classe de monumens en particulier. Mais tout système, à cet égard, est aussi difficile à soutenir qu’à recevoir. S’il s’agit de peuple, on voit une pareille méthode indiquée souvent par la nature même des matériaux et par l’instinct le plus vulgaire, se produire presque par toute la terre, avec quelques différences sans doute, mais telles que toute méthode, même la plus uniforme, en comporte. Si l’on prétend que la construction en polygones irréguliers fut presqu’uniquement d’un certain âge, et des siècles reculés de l’art de bâtir en Grèce et ailleurs, la chose ne peut guère être douteuse, tant il entre, dans cette méthode, de cet art sans art, que l’instinct dut inspirer de tout temps aux peuples à qui la nature eu fournit les moyens et les matériaux. Mais que jamais depuis, et dans des temps postérieurs, un n’ait employé cette construction ; c’est ce qui, d’une part, ne sauroit être prouvé, et de l’autre, ne paroîtra point probable, surtout si l’on réfléchit que cette manière d’assembler les pierres fut constamment celle que l’on pratiqua pour la confection des voies romaines. Quelle raison auroit donc empêché de s’en servir dans des constructions verticales ? Eu accordant que la construction par assises régulières est plus belle et plus convenable aux édifices dans lesquels on doit rechercher la beauté de l’appareil, n’y auroit-il pas eu toujours un grand nombre de cas où la recherche de cette beauté eût été inutile ?

On ne sauroit encore prétendre que la construction par blocs polygones irréguliers n’aura été affectée qu’à un certain genre de bâtisses vulgaires, ou simplement de solidité, comme des murs de villa ou de citadelle. Un temple dit de Thémis, à Rhamnus, près Athènes (Voy. Unedited Atiquities of Attica, chap. 7, pl. II) a son pronaos formé d’un ordre dorique du même style que celui du Parthénon, et ses murs sont construits en blocs polygones irréguliers.

POLYSPASTOS. Nom d’une machine employée par les Anciens, et qui ue consistoit qu’en un seul mât incliné. C’est ce qui lui donnoit l’avantage de pouvoir être dirigée du côté où l’on vouloit porter le fardeau, L’extrémité inférieure du mât étoit fixée en terre. Pour maintenir l’extrémité supérieure, on y attachoit quatre câbles, qu’on fixoit à autant de forts pieux enfoncés dans la terre. A la partie supérieure du mât, au-dessous de l’endroit où étoient attachés les câbles, on plaçoit un moufle ; un second moufle étoit lié au fardeau qu’on se proposoit d’élever, et un troisième se trouvoit au pied du mât. Les deux premiers de ces moufles avoient trois rangées, chacune de trois poulies, et celui qui étoit fixé au pied du mât avoit encore trois poulies. C’est ce grand nombre de poulies qui a fait donner à cette machine le nom de polyspastos.

POLYSTYLE, mot grec, composé de polus, plusieurs, et de stulos, colonne, Cet adjectif, donné à une pièce quelconque, ou à un édifice, signifie, non pas que cette pièce ou cet édifice a plusieurs colonnes, ce qui seroit commun à presque toutes les pièces, à presque tous les édifices, tant il est rare qu’il ne s’y trouve qu’une seule colonne, mais que les colonnes y sont extraordinairement multipliées.

Ainsi trouvons-nous le nom de polystyle donné par les anciens écrivains à ces parties des temples égyptiens, qui étoient toutes remplies de colonnes. Il eût, dans le fait, été difficile aux architectes de l’Egypte de ne pas multiplier les colonnes, dans un local sur lequel ils vouloient établir une plate-forme. N’usant, pour leurs intérieurs, ni de voûtes, ni de plafonds de charpente (voyez Plafond), et n’ayant d’autre ressource de couverture, que celle des dalles de pierre, que leurs carrières ne pourvoient leur donner que dans une dimension bornée, ils devoient quant aux intérieurs, en remplir l’espace par des colonnes, dout les intervalles se mesuroient sur la longueur et la largeur des dalles de pierre.

Nous retrouvons encore dans les ruines de l’Egypte, ces salles polystyles, qui offrent comme une plantation d’arbres également espacés.

C’est aussi aux édifices arabes, à leurs plans, et surtout à celui de la mosquée de Cordoue, qu’on peut donner le nom de polystyle (voyez Moresque (Architecture). Là, il se trouve, non des espèces de plantations, mais de véritables forêts de colonnes, dont l’œil ne peut apprécier le nombre.

POMME DE PIN, s. f. Fruit de l’arbre qu’on nomme pin. La sculpture antique fit des imitations nombreuses de ce fruit, qu’on voit sur un nombre infini de bas-reliefs, orner l’extrémité des thyrses, dont la représentation forme souvent l’ornement des frises.

La pomme de pin toute seule fut employée comme ornement, dans les angles de plafond des corniches dorique et ionique.

La pomme de pin servit à couronner les couvercles des vases, et on en fit aussi l’amortissement des édifices circulaires, qui se terminoint par une couverture voûtée.