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la première fois, à Rome, des statues de porphyre rouge, de celui qu’on appeloit leptopsephos (marqué de petits points blancs). Cette nouveauté, ajoute l’historien, n’eut point de succès, et sans doute personne depuis n’a imité cet exemple.

Ple eut raison pour son siècle, et il est possible que jusqu’à son temps, ce genre de matière, à la vérité peu favorable à la sculpture, n’ait plus été employé ; mais il est certain que depuis lui, le porphyrerouge fut mis en œuvre pour les portraits et les statues. Plus d’une figure des bas siècles le prouve.

Au reste, il est également démontré par un grand nombre de restes et de fragmens de statues de porphyre, que l’habileté dans le travail de cette matière, fut porté à un point qu’on a de la peine à concevoir aujourd’hui. Le seul fragment de statue drapée en porphyre rouge, qu’on voit sur la montée du Capitole, a Rome, présente des parties fouillées, et ce qu’on appelle en sculpture des noirs, qui eussent été déjà des difficultés dans l’exécution des marbres ordinaires. Il fallut donc pour les vaincre sur une matière aussi réfractaire que le porphyre, des procédés mécaniques dont les ressources nous sont inconnues.

Aujourd’hui, en effet, nos outils coupans et la trempe du ciseau ne sauroient parvenir à l’entamer. On n’y parvient qu’en employant le martelet, qui n’agit qu’en piquant. Aussi a-t-on renoncé a en faire autre chose que des ouvrages de simple curiosité, comme vases, soucoupes, etc.

Nous croyons devoir consigner ici, sur le travail du porphyre, la particularité suivante.

Au temps des Médicis, époque à laquelle se rapportent tant d’inventions modernes, on trouva le secret de tremper l’acier, et de lui donner une telle dureté, qu’on parvint à fabriquer des outils qui tailloient avec facilité le porphyre. Cette découverte, qui date de 1555, parut si importante, qu’on l’attribua au grand-duc de Toscane Côme Ier, qui aimoit à se délasser de ses grandes occupations, par des expériences de physique et de chimie. Ne pouvant opérer lui-même en sculpture, il communiqua le secret de la trempe de l’acier à François del Tadda Ferrucci, sculpteur de Fiesole, pour le mettre en œuvre, et il fit exécuter d’abord sous ses yeux de petits bas-reliefs sur porphyre, dont il se plaisoit à faire des cadeaux.

Cependant, si on s’en rapporte aux expressions de quelques actes publics, et de l’épitaphe de Ferrucci, dans lesquels on le nomme inventeur ou rénovateur de l’art de tailler le porphyre, on seroit tenté de croire qu’il auroit été- lui-même auteur de la découverte du secret, qui s’est longtemps encore conservé dans sa famille.

Quoi qu’il en soit, François del Tadda tira d’un bloc énorme de porphyre la grande Vasque avec son piédouche, qu’on admire au palais Pitti. Il fit aussi le buste de Côme Ier. et celui de la grande-duchesse son épouse.

En 1563, le Pape avoit envoyê au grand-duc une belle colonne de granit, qu’on érigea sur la place de la Sainte-Trinité, dans le lieu même où Côme avoit reçu la nouvelle d’une victoire. Ce prince voulut y faire élever une figure de la justice. Il chargea Ferrucci de la sculpter dans un bloc de porphyre : ce que le statuaire exécuta. Le peu d’épaisseur de la matière l’obligea d’y faire par-derrière une draperie de rapport en bronze, accessoire mis en rapport avec certains détails d’attributs aussi de métal.

Après avoir fait beaucoup d’autres ouvrages de porphyre, ce qui prouve, par la célérité de l’exécution, la facilité même du travail, il transmit son secret à son fils, qui ne se distingua que par l’imitation fidèle de figures d’animaux.

Le secret passa à plusieurs autres artistes, du nombre desquels fut Raphael Curradi, qui fit en porphyre le buste de Côme II, qu’on voit dans la galerie à Florence.

Baldinucci cite encore Cosimo Salvestrini connu par d’autres ouvrages, comme ayant possédé l’art de tailler le porphyre.

C’est le dernier dont il soit fait mention, et nous croyons que si l’on visoit à retrouver ce secret, ce seroit à Florence qu’il faudroit aller suivre sur les traces des ouvrages cités, les notions qui pourroient indiquer la route à prendre dans cette recherche.

(A. L. C.)

PORT, s. m. C’est, pour la mer, un espace en forme d’anse, un petit golfe, un bassin donné par la nature des terrains et des rivages, ou crensé par l’art, et disposé de manière à y recevoir les vaisseaux, à les mettre en sûreté, et à pouvoir les charger et les décharger avec facilité.

C’est, pour une rivière, un espace choisi sur-la rive, qui soit commode à l’approche des bateaux, et d’un accès facile pour le transport des marchandises qu’on doit charger ou décharger.

Le Dictionnaire d’Architecture n’a guère à s’occuper des ports que sous le point de vue des travaux de construction que leur situation peut exiger, ou des embellissemens dont les villes peuvent environner leur enceinte.

En général les ports de mer sont fermés par des môles, des digues ou des jetées à l’entrée desquelles on élève un fanal. (Voyez ce mot.) On construit aussi sur leurs bords, des quais, ou des plates-formes exhaussées, d’où l’on commnique plus facilement avec les vaisseaux qui s’en approchent. Les grandes enceintes ordinairement circulaires des ports se trouvent bordées d’édifices, et peuvent recevoir des monumens qui contribuent à leur célébrité, comme à la beauté de leur aspect. Rien, en effet, ne leur donne plus de magnificence que la perspective de la ville qui, selon la diversité des terrains, s’élève au-dessus d’eux par amphithéâtre, ou des grandes construc-