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POR POS


piédroits, tantôt en arcades reposant sur des piédroits, et formant autour des cortiles un promenoir abrité. Les exemples en sont trop nombreux et trop connus, pour qu’on se permette d’en citer. Tel est, si l’on peut dire, le type de l’intérieur de tous les grands palais d’Italie.

C’est uniquement sous le rapport de la belle architecture, que nous ferons mention ici de quelques-uns de ces monumens à deux rangs de portiques l’un sur l’autre. Telle avoit été originairement la vaste enceinte de la cour du Vatican, par Bramante, et dont on a été, depuis lui, obligé de remplir les arcades, pour remédier à la légèreté de la construction. Telle est, du même architecte, la belle cour du palais de la Chancellerie à deux rangs de portiques en arcades plus élégantes, portées sur des colonnes de marbre. En tête de ces exemples, il ne faut point oublier la cour des Loges au Vatican, architecture de Raphaël, à trois rangs de galeries ouvertes les unes au-dessus des autres.

On met au rang des ouvrages classiques en ce genre, l’intérieur de la cour du palais Farnèse, où la beauté des proportions, des formes et de la construction, rivalise avec ce qu’on connoît de plus achevé eu ce genre dans l’antiquité.

A Rome, les beaux restes du théâtre de Marcellus, dont une assez belle suite de portiques existe encore, servirent sans doute de modèle aux architectes du seizième siècle ; et c’est sur ce style et dans ces proportions, que le plus grand nombre des palais fut construit tant au dehors qu’au dedans. Il saudroit citer presque tous ces édifices, connus d’ailleurs de tous les architectes, et dont on trouve les dessins dans plus d’un recueil.

L’usage des portiques fut moins commun à Paris dans les habitations particulières. Les habitudes du climat, et aussi la cherté du terrain, ne permirent pas de mettre autant de dépense, et d’employer autant d’espace, soit pour le plaisir de prendre l’air, soit pour la magnificence des intérieurs.

Cependant quelques monumens et certains édifices qui exigent des promenoirs publics furent construits dans ce système. Telle est la grande et magnifique cour de l’hôtel des Invalides, à deux rangs deportiques l’un sur l’autre, qui dégagent toutes les parties du corps de bâtiment.

L’usage des portiques dans beaucoup de places d’Italie, comme celle de Saint-Marc à Venise, ouvrage des plus célèbres architectes, et même à toutes les maisons d’une ville, comme à Bologne, s’introduisit aussi en France, et la place Louis XIII, dite la place Royale, en est une imitation fort remarquable.

La ville de Turin, comme l’on sait, est construite d’une manière uniforme, en maisons dont le rez-de-chaussée consiste sur la rue en portiques continus, qui forment pour les gens de pied un marcher toujours couvert.

Les nouvelles constructions de la rue de Rivoli à Paris, nous en donnent l’idée, et formeront une promenade très-commode, surtout dans les mauvais temps. L’aspect, quoique simple, de cette bâtisse, ne laisse pas d’offrir un coup d’œil fort agréable.

On multiplieroit inutilement les notions et les exemples sur ce qu’on appelle portique, considéré soit dans son élément, soit dans les emplois que l’architecture en fait. Ces notions et ces exemples se retrouvent d’ailleurs à une multitude d’articles de ce Dictionnaire. On peut dire en effet que le portique non pas étendu jusqu’aux péristyles et aux colonnades, mais seulement restreint aux arcades sur piliers, fait une partie si considérable des édifices, qu’il en est fort peu où on ne le retrouve.

On a appliqué ce mot à quelques objets même qui sont étrangers à l’architecture, ou qui n’en sont que des imitations fictives.

Ainsi l’on appelle :

Portique de treillage, Un ouvrage composé d’échalas maillés, dans la forme que l’architecture donne aux constructions solides.

Portique d’arbres. (Jardinage.) C’est un jeu dans l’art de dresser et de conformer les arbres, au moyen duquel on parvient à leur faire prendre les contours des arcades dont se composent les portiques.

PORTOR (marbre portor). Voyez Marbre.

POSE, s. f. Se dit de l’action de poser une pierre au lieu qu’elle doit occuper, ou de l’endroit même dans lequel on la place à demeure. On dit la pose de la première pierre d’un monument, pour exprimer la cérémonie qui a lieu à cette occasion. Tel roi a fait en telle année la pose de la première pierre de tel édifice. Voyez Poser.

POSER, v. act. C’est, dans la construction de l’édifice, mettre une pierre en place et à demeure.

Déposer. C’est ôter une pierre de sa place, soit parce qu’elle la remplit mal, étant trop forte, trop maigre ou défectueuse, soit parce qu’elle est en délit.

Poser à sec. C’est construire sans mortier. On pose à sec, en frottant la pierre supérieure sur l’inférieure avec du grès pilé et de l’eau, par leurs joints de lit bien dressés, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive qu’il ne reste plus entr’elles le moindre vide. De cette manière ont été appareillés le plus grand nombre des édifices antiques, et plusieurs aussi chez les Modernes.

Poser à crû. C’est dresser sans fondation toute

Diction. d’Archit. Tome III
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