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POU POU

POUTRELLE, s. f. Petite poutre de dix à douze pouces d’équarrissage, qui sert à porter un plancher d’une médiocre étendue.

POUZZOL, en latin Puteoli, ville voisine de Naples, située sur le golfe de Baies, en face de celle ville, et qui se réunissant à elle dans le vaste contour de ce golfe, contribua à former ce magnifique ensemble d’aspects et de monumens, qui fit croire jadis à un ambassadeur étranger, qu’il étoit entré dans la capitale du Monde.

Quoique la mer ait gagné sur la plage de Pouzzol, et submergé quelques terrains de la partie basse, malgré tous les ravages du temps et aussi les catastrophes de la nature, si fréquentes en celle contrée, celle ville a conservé encore beaucoup de témoignages de sa grandeur et de sa richesse passée.

Presqu’attenant a l’église de Saint-Jacques, on trouve les ruines d’un amphithéâtre bâti en pierres de taille, dont l’arène avoit 172 pieds de long, sur 88 de large. Cet amphithéâtre, que l’on appelle aussi Colisée, à l’instar de celui de Rome, étoit au milieu de l’ancienne ville. Les portiques qui servaient d’entrée, et qui régnoient sous les gradins, existent presqu’en entier, ainsi que les caveaux destinés à renfermer les bêtes destinées aux combats de l’arène. Cet édifice avoit deux étages ou deux ordres de portiques, dont l’inférieur étoit bâti en grosses pierres de lave, et le supérieur en briques. Les massifs de ces constructions étoient formés de scories de volcan, revêtues d’enduits en stuc. Il y a encore quelques caissons dans des voussures, et qui sont d’un très-ban goût. La forme de cet amphithéâtre est un ovale alongé. Il y avait quatre entrées principales. Toutes les voûtes rampantes qui soutenoient les gradins dans une direction oblique et tendante au centre, existent encore, mais on ne distingue plus les gradins, qui sont entièrement détruits.

Près de là sont des ruines presque toutes enterrées, qu’on vous dit être les restes d’un labyrinthe, mais qui paroissent, avec beaucoup de vraisemblances, avoir appartenu à une conserve d’eau.

La cathédrale est bâtie sur les ruines d’un temple qu’on dit de Jupiter, et en partie des matériaux de ce temple, au nombre desquels se trouve une inscription qui prouve que le temple avoit été bâti par Calphurnius, chevalier romain, en l’honneur d’Auguste.

Vers la fin de l’année 1698, en creusant sous la maison de la famille Migliaresi, on trouva un bloc de marbre très-fin, plus long que large, et dont la largeur est égale à la hauteur. On a supposé qu’il avoit pu être le piédestal d’une statue équestre de Tibère, auquel le monument est consacré. Sur une des faces étroites est l’inscription, accompagnée d’une figure de femme de chaque côté, qui indique que ce fut un collège des Augustales, ou prêtres consacrés à Auguste, qui fit élever ce monument à Tibère, et qu’ayant été endommagé, la ville de Pouzzot le fit rétablir. On sait que du temps de Tibère, il y eut dans l’Asie mineure un tremblement de terre considérable, qui renversa et détruisit beaucoup de villes, que Tibère fit rétablir à ses frais. Ce fut probablement en reconnoissance de ce bienfait, que les villes qu’on voit personnifiées en bas-relief sur les faces de ce piédestal, érigèrent à l’empereur le monument dont ce piédestal est le seul reste. Elles y sont figurées au nombre de quatorze, chacune avec leurs symboles. On lit le nom de chacune au bas. Quelques-unes de ces noms offrent des lacunes qui en rendeut l’interprétation douteuse. Mais on y lit clairement les noms de Cyme, Tmolus, Philadelphia, Magnesia, Hiero Cœsarea, Hircania, Apollonidea, Ephesos, Myrina, Cibyra, Temnos. La sculpture de cet ouvrage, quoique fruste en beaucoup d’endroits, annonce une fort belle manière et une bonne exécution.

Lorsqu’on a passé l’amphithéâtre, on trouve, proche du lieu appelé Campana, une multitude de ruines d’anciens sépulcres ou hypogées. C’étoit là, à ce qu’il paroît, ce que nous appellerions le cimetière de la ville. Beaucoup de ces sépulcres, aujourd’hui ouverts, montrent encore des niches ornées de stucs et de peintures, d’un travail assez précieux. Il y a de ces intérieurs faits en forme de columbarium. C’étoit des tombeaux de famille, et on y voit toujours la niche principale, et richement décorée pour le propriétaire du tombeau. Plusieurs de ces monumens ont été recueillit par plus d’un dessinateur, et on en trouvera quelques vues dans l’ouvrage des Sepolcri antichi de Fietro Santi Bartoli.

Au bas de Pouzzol, dans la mer, on voit les restes d’une grande construction, qu’on appelle vulgairement le pont de Caligula. Mais celle dénomination n’est due qu’à sa forme, qui présente des piliers jadis joints par des arcades. Ces piliers sont au nombre de quatorze, et leur construction, liée par le mortier fait avec la pouzzolane, que l’eau de la mer durcit, s’est conservée jusqu’à ce jour, de manière à faire croire qu’elle se conservera encore long-temps.

L’objet de cette construction avoit été d’être un môle, un rempart contre l’impétuosité des flots pour mettre les vaisseaux à l’abri dans le port de Pouzzol. Ce môle, il est vrai, étoit fait en arcades, ce qui ne fait aucune difficulté contre l’opinion de cette destination. Une semblable construction devoît d’abord être plus solide, ensuite plus économique ; enfin il est certain qu’elle devoit suffire pour rompre l’impétuosité des vagues et abattre les grands coups de mer.

Outre la ressemblance de cette construction avec la figure d’un pont, on doit ajouter encore, pour rendre compte de la dénomination qu’on lui a donnée jusqu’à ce jour, que dans le fait elle fit