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PRI PRI

PRÉSENTER, v. actif. C'est, dans le langage des ouvriers, poser une pièce de bois, une bande de fer ou toute autre chose, pour connoître si elle conviendra à la place qu’elle doit occuper, afin de la réformer et de la rendre juste, avant de la poser à demeure.

PRÉTOIRE (prœtorium). Ce mot désigna, chez les Romains, plus d’une sorte de bâtimens destinés à divers usages.

Dans les camps, le prétoire étoit la tente du général, parce que tout général s’appeloit préteur.

Prétoire étoit, dans les villes, le palais où demeuroit le préteur de la province. C’étoit aussi le lieu où les magistrats rendoient la justice.

Prétoire étoit encore, à Rome, une place où étoient logées les gardes prétoriennes.

On donnoit aussi, à ce qu’il paroît, le nom de prétoire aux maisons de campagne somptueuses des grands de Rome.

PRIÈNE. Ville antique de l’Asie mineure, dont il reste encore d’assez vastes ruines, qui confirment ce que l’histoire nous apprend de sa richesse aucienne et de son étendue.

On reconnoit parfaitement l’enceinte de ses murailles. Trois de ses portes existent encore, ainsi qu’une partie de la citadelle. On y distingue les vestiges d un théâtre, ceux d’un stade, et surtout les ruines magnifiques du temple de Minerve Polias, déesse tutélaire de Priène.

On lit encore sur une des antes du temple, une inscription qui porte qu’Alexandre a consacré ce monument à Minerve.

Chandler nous l’a décrit, et l’a représenté comme étant un monceau de tronçons de colonnes et de pierres, dont l’accumulation semble prouver qu’un grand tremblement de terre fut seul capable de le réduire à un tel état de ruine. La façade du temple, lorsqu’il étoit entier, regardoit la ville, qui, assise par degrés sur les flancs de la montagne, s’étendoit comme par étages jusqu’au bord de la plaine.

Au-dessous du temple sont des colonnes brisées et des fragmens de marbre, tristes débris d’édifices d’ordre ionique et d’ordre dorique.

Plus bas encore, et près de la muraille de la ville, est le terrain qu’occupoit le stade. Il étoit assez étroit, et il n’avoit qu’un rang de sièges placés sur le côté qui faisoit face à la plaine.

Dans la montagne à gauche, en parlant du temple, on voit un enfoncement aveu quelques vestiges de théâtre.

Les murailles de la ville subsistent encore dans leur pourtour, ainsi que plusieurs parties de murs dans l’enceinte de la cïté. Toutes ces murailles sont dignes d’admiration, tant par leur solidité que par la beauté de leur construction.

Priène, sans y comprendre la citadelle, avoit trois portes. L’entrée d’une de ces portes avoit peu de largeur, comme on en pent juger par une portion de l’arcade qui subsiste encore, et qui se compose d’un seul rang de pierres massives. Mais (ajoute Chandler), le tems a tellement miné les pierres sur lesquelles cette arcade est appuyée, elles sont tellement brisées et dérangées de leurs qu’elles semblent à chaque instant être sur le point de laisser s’écrouler le fardeau, dont on diroit qu’elles veulent se débarrasser.

Un chemin inégal conduit à la seconde porte pratiquée dans la partie de la muraille opposée à la première. La distance qui les sépare semble être celle d’un mille. On trouve en dehors de celle-ci des voûtes de sépulcres.

Entre les deux portes, il y en avoit une autre qui donnait sur la plaine.

Il n’est guère résulté des recherches de Chandler dans les ruines de Priène, que quelques dessins de chapiteaux ioniques, de fragment dé frises, avec leurs ornemens ; et les voyageurs qui ont visité depuis l’Asie mineure, n’y ont rien recueilli de plus instructif sur le célèbre temple dont les énormes débris ne peuvent servir qu’à attester son existence. Il faudroit qu’on pût parvenir à remuer et à déblayer ces masses, jusqu’à ce qu’on retrouvât l’aire et le plan de ce grand édifice. De curieuses découvertes indemniseroient sans doute de la dépense et de la peine d’un semblable travail.

PRINCIPAL, adj. m. Ce mot se prend aussi substantivement ; comme lorsqu’on dit, le principal dans tout ouvrage est d’en conuoitre le but. Il est clair qu’alors et dans toutes les locutions semblables, on sous-entend l’objet, le point.

L’idée de principal dans la théorie des beaux-arts, et surtout de l’architecture, se laisse facilement définir et comprendre par l’idée opposée, celle d’accessoire.

Tout au physique, ainsi qu’au moral, dans quelque région, dans quelque sphère d’objets que ce soit, se compose de parties. Ces parties ont toujours un lien qui les rassemble, un centre auquel elles aboutissent. Ces parties ne sauraient jamais avoir entr’elles une égalité parfaite. C’est au contraire de leur inégalité que naît leur harmonie, et cette harmonie, principe du plaisir que nos yeux ou notre esprit y trouvent, procède de la loi générale qui subordonne les uns aux autres tous les détails de ce qui forme un ensemble.

Oui, telle est une des causes du plaisir que nous trouvons à voir les objets sensibles, à comprendre les choses de l’intelligence. C’est qu’effectivement ce que nos yeux et notre esprit veulent avant tout, c’est d’apercevoir sans fatigue et de comprendre facilement. Or, rien ne donne plus de facilité à l’une et à l’autre opération, soit des sens dans les choses matérielles, soit de l’esprit dans les matières intellectuelles que ce qu’on appelle l’ordre ; et l’ordre par excellence se rencontre