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et peut plaire à moins de frais. Le plus grand nombre de ceux qu’elle rassemble, ou est indifférent à ce luxe, ou peut-être même y desireroit un aspect, sinon tout-à-fait champêtre, du moins propre à faire oublier les idées ou les impressions de la ville.

La ville de Paris offre encore, sous ce rapport, un autre genre de promenade publique, celle qu’on nomme des Champs-Elysées, où, sur de plus vastes espaces, la multitude trouve des ombrages frais, des allées spacieuses, de grandes places découvertes pour toutes les sortes de jeux et d’exercices, des routes où les chevaux et les voitures circulent, et toutes sortes de lieux de retraite ou de divertissement.

Aucune ville, plus que Paris, ne nous semble avoir multiplié les promenades publiques, ou les lieux qui invitent à se distraire du bruit et de l’embarras des affaires. On pourroit en effet joindre aux promenades déjà citées, ces avenues et ces allées d’arbres continus qui conduisent aux deux bois de Boulogne d’un côté et de Vincennes de l’autre. Mais ce qui est dans Paris, une promenade encore plus publique et toujours fréquentée, c’est ce qu’on appelle les Boulevards, qui jadis, terminant l’enceinte de la ville par une ligne de plantations continues, sont devenus pour la plus grande partie, et par l’extension de plusieurs quartiers au-delà de cette ligne, des promenades intérieures, en même temps qu’ils sont des rues très-fréquentées.

Beaucoup de villes ont des promenades publiques, formées de plantations fuites à dessein d’y réunir les différentes sortes d’agrément qu’on peut y chercher. Le détail en seroit trop nombreux, et leur description u’ajouteroit rien ni aux notions de cet article, ni aux exemples qu’on a produits.

PROMENOIR, s. m. Lieu où l’on se promène.

Le mot promenoir auroit dû être le mot propre, pour signifier, ce que nous avons vu qu’on exprime en français par le mot promenade, au moyen du double emploi qu’on lui donne. L’usage, ce tyran des langues, ayant affecté au lieu où l’on se promène, le mot qui exprime l’action de se promener, le mot promenoir seroit entièrement déplacé aujourd’hui, et tout-à-fait impropre pour caractériser les endroits publics, surtout, qui sont destinés à la promenade du grand nombre. On l’emploieroit encore fort improprement á désigner un jardin.

Il nous semble dès-lors que promenoir sera resté dans la langue, comme un synonyme, qui exprime une espèce de lieu propre â se promener, mais différent dans sa situation, et par son emploi beaucoup plus restreint, de ceux dont il a été question dans l’article précédent.

Le goût et l’exercice de la promenade ne sauroient être les mêmes, sous tous les climats. Les mœurs et les usages des peuples doivent encore apporter beaucoup de différences en ce genre. Par exemple, le plaisir que les hommes ont à se réunir, à se rassembler en grand nombre, doit être plus ou moins vif, selon, par exemple, que le sexe fait ou ne fait pas partie de ces rassemblemens. Mais chez les peuples anciens, et j’entends ne parler que des Grecs et des Romains, une autre cause encore rendit moins nécessaires les promenades publiques, considérées sous le rapport de réunions. C’est que les réunions de citoyens, soit pour affaires, soit par désœuvrement, avoient lieu tous les jours dans le forum ou la place publique, et l’on sait assez que, soit pour une raison, soit pour une autre, l’usage étoit d’y passer la plus grande partie de la journée.

Cependant la promenade, comme exercice utile à la santé, n’y étoit ni méconnue, ni négligée. Mais des institutions particulières, telles que celles des gymnases, des xistes, des portiques, des thermes, offroient des promenoirs couverts à ceux qui n’avoient pas de maisons assez spacieuses pour s’y procurer de pareils locaux.

Le mot péripatéticiens, qui, en grec, signifie promeneurs, nous prouve qu’il y avoit dans les gymnases de ces espaces fort étendus, disposés pour la promenade, soit en plein air (voyez Vitruve, liv. 5, ch. 9), soit sous des galeries. C’étoit en se promenant avec ses disciples, que Zénon leur donnoit ses leçons.

L’usage des galeries couvertes, tantôt en portiques, tantôt en colonnes, étoit général dans tous les édifices, et dans toutes les constructions publiques et particulières des villes et des maisons de campagne.

La description que Pline-le-Jeune nous a faite de ses maisons de campagne, voyez Campagne (maison de), contient celle de plusieurs galeries destinées à servir de promenoirs. Il est à remarquer qu’en latin le mot ambulatio signifie tout à la fois, comme en français, l’action de se promener et le lieu où l’on se promène ; mais le mot ambulacrum nous paroît tout-à-fait répondre au mot promenoir, et il indiquoit de préférence un lieu couvert.

S’il est donc reconnu qu’il seroit contraire à l’usage d’appeler promenoir un de ces grands espaces ou jardins publics, destinés à la promenade de tout le monde, il faut convenir qu’il seroit impropre d’appeler promenade les galeries qui forment les dehors d’un bâtiment, les intérieurs d’une cour, ou le cloître d’un couvent, parce qu’elles servent aussi à s’y promener à couvert.

Les grands portiques de la cour des Invalides, à Paris, servent de promenoir aux soldats, que leurs infirmités empêchent d’aller chercher de l’exercice, dans les promenades plantées en avant de ce grand édifice.

La nouvelle Bourse, qui est en train de se ter-

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