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PRO PRO


porte. C’est par le mot vestibule qu’on le traduit ordinairement, et cette traduction donne à entendre un espace qui précède la porte. Cependant, par sa composition, le mot propylon peut aussi signifier porte en avant, ce qui produit une toute autre idée. Dirons-nous, en effet, que dans les monumens appelés propylées, qui ont fait le sujet de l’article précédent, la préposition pro, avant, se rapporte à l’espace du bâtiment qui précède les portes, ou aux portes mêmes, comme placées en avant de l’Acropole ? Il est probable qu’il y eut autrefois, dans le langage, certaines ambiguités de sens, produites par le double emploi des mots. L’usage, tant qu’une langue est vivante, est un correctif à la confusion. Mais lorsqu’aujourd’hui nous rencontrons de ces mots à double entente, dans les descriptions des écrivains grecs, il est difficile d’en fixer toujours le sens, selon les applications diverses que l’on en fit autrefois.

La chose est encore plus douteuse, lorsque des Grecs, décrivant des monumens étrangers à leur architecture et à leurs usages, ont été forcés d’employer les mots de leur langue, à des objets qui pouvoient n’avoir que des rapports de similitude assez éloignés.

Ainsi Strabon, décrivant la disposition des temples égyptiens de la ville d’Héliopolis, se sert du mot propylon, pour désigner très-probablement ces grandes portes (voyez Pylone) qui se succédoient, dans un nombre à ce qu’il paroît indéterminé, et formoient, par des additions qu’on multiplioit plus ou moins, ces grands ensembles de construction, dont les restes subsistent encore au milieu des débris de l’antique Egypte.

Mais ces portes (comme nous le voyons par les plans nombreux que nous avons des temples égyptiens) étoient toujours accompagnées de galeries en colonnes, qui formoient des cours ou des vestibules allant d’une porte à l’autre. Hérodote et Diodore de Sicile, dans les mentions qu’ils ont faites des temples de l’Egypte, nous parlent des divers propylons ajoutés à des époques différentes au corps principal d’un temple. Ainsi, au temple dit de Vulcain à Memphis, Mœris avoit bâti les propylées du nord. Plusieurs siècles après, Psammitique ajouta au même temple les propylées du midi et ceux de l’orient. C’étoit, disoit-on, Dédale qui avoit élevé les plus beaux propylées du même temple de Vulcain.

De tout cela on peut conjecturer que le propylon de ces temples doit être entendu de cet ensemble de bâtimens qui réunissoit et les portes dont on a parlé, et les galeries en colonnes qui s’y appuyoient, et en faisoient l’accompagnement plus ou moins somptueux.

Pen importe donc l’explication ambiguë du mot propylon, qui par sa composition peut signifier ce qui précède la porte, ou la porte comme précédant le temple.

De cette interprétation du propylon égyptien, d’après les notions des écrivains grecs, et d’après les restes bien conservés des monumens de l’Egypte, nous pouvons tirer la conséquence que ce mot, en grec, pouvoit et devoit tout aussi bien signifier ce que nous nommons aujourd’hui portique, mot dérivé et jusqu’à un certain point synonyme de porte. Si l’on veut maintenant appeler avant-portique ce que les Grecs appeloient propylon ou propylaion, propylaia, nous trouverons la traduction de ces mots parfaitement conforme aux propylées d’Athènes ou d’Eleusis et à ceux des temples égyptiens, qui furent très-véritablement des portiques en avant des lieux pour lesquels on les fit.

PROSCENIUM. Ce mot se trouve très-fidèlement traduit en français par le mot avant-scène.

Toutefois comme le mot scène, dans les usages modernes, n’exprime pas ce qu’il exprimoit dans l’usage, au théâtre des Anciens, cette traduction est plutôt celle du mot, que celle de l’idée, ou de la chose que le mot signifioit.

Dans l’usage du théâtre moderne, on appelle scène tout l’espace compris entre ce qu’on nomme la rampe et la toile de fond, d’une part, et de l’autre les coulisses de droite et de gauche. L’on nomme avant-scène, la partie de cet espace, la plus voisine de la rampe, et où se tiennent le plus souvent les acteurs, comme étant-celle qui les rapproche le plus des auditeurs.

Scène (scena), comme on le dira avec plus d’étendue au mot Théatre (voyez ce mot), répondoit, quant à son apparence, à ce que nous appelons, dans nos usages, la toile du fond. C’étoit une construction solide, d’une riche architecture, avec plusieurs ordres de colonnes, et décorée de niches, de statues, etc.

Le proscenium ou l’avant-scène étoit l’espace compris entre cette grande devanture et ce qu’on appeloit l’orchestre. Cet espace, au contraire de celui où se passe l’action, sur les théâtres modernes, et qui est en profondeur, s’étendoit dans toute la largeur du théâtre, et avoit fort peu d’enfoncement. Il faut excepter toutefois ce que les yeux apercevoient au travers des trois grandes ouvertures pratiquées dans la scène.

C’étoit donc sur cet espace ainsi rapproché des spectateurs, que se tenoient les acteurs, et que se passoit l’action.

On donnoit aussi le nom de pulpitum au proscenium, c’est-à-dire, que l’on considéroit alors cet espace, non plus dans son rapport avec la scena qu’il précédoit, mais sous le rapport de l’échafaudage en bois, qui formoit le sol sur lequel les acteurs récitoient.

Ainsi Vitruve se sert de l’expression proscenii pulpitum.

Le nom de logeion, formé de logos, parole, fut donné aussi, par les Grecs, à cette partie du