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où il vécut, à la fois peintre, sculpteur et architecte.

A cette époque, les établissemens d’instruction ou d’enseignement méthodique pour les arts du dessin n’existoient point. L’instinct seul, ou ce qu’on appelle autrement la vocation naturelle, produisoit dans les jeunes gens certains signes d’aptitude à l’imitation, et lorsqu’ils rencontroient un œil assez exercé pour faire augurer de ces pronostics, la volonté de la nature, le jeune homme étoit placé chez un maître dont il suivoit la manière, ou dont son génie l’apprenoit à s’affranchir.

Ainsi Puget, ayant donné de très-bonne heure à reconnoître, que la nature vouloit faire de lui un artiste, il fut placé dès l’âge de quatorze ans auprès d’un constructeur de galères, qui étoit aussi sculpteur en bois. L’usage d’orner les vaisseaux de figures et d’emblêmes divers, commença donc à initier le jeune Puget aux arts du dessin. Mais le maître sous lequel il travailloit, n’ayant plus rien à lui apprendre, et lé travail borné du sculpteur de marine ne suffisant plus à son habileté, il partit pour l’Italie, s’arrêta quelque temps à Florence, où, recueilli par un sculpteur de cette ville, et recommandé ensuite par lui au célèbre peintre Pierre de Cortone, à Rome, il ne tarda point à changer le travail du ciseau contre celui du pinceau.

Pierre de Cortone avoit découvert dans Puget des dispositions extraordinaires, un goût de dessin qui avoit beaucoup d’analogie avec sa manière. Il l’employa dans plus d’une de ses entreprises, et notamment (dit-on) dans quelques parties d’exécution de son fameux plafond du palais Barberini. On y remarque en effet deux figures de tritons, qu’on prétend être de la main de Puget.

Ainsi le hasard des circonstances sembloit avoir pris a tâche de le détourner de l’art, sur lequel devoit se fonder sa plus grande célébrité. L’on doit observer toutefois que le goût d’école de Pierre de Cortone, influa sur cette manière hardie, facile et incorrecte qu’il porta dans la sculpture ; et sous ce rapport, on ne sauroit dire s’il faut, ou non, regretter l’effet de cette influence ; car, qui oseroit dire que les beautés de la sculpture de Puget, ne tiennent pas à ses défauts ?

Pierre de Cortone cherchoit à se l’attacher de plus en plus ; mais l’amour de la patrie l’emporta : Puget étoit de retour à Marseille en 1643. Il passa encore quelques années de sa vie, ou pour mieux dire, il les perdit à des travaux pour la marine de Toulon. Une nouvelle rencontre le conduisit une seconde fois en Italie. Un religieux de l’ordre des Feuillans, chargé par Anne d’Autriche d’aller faire exécuter à Rome, une suite de dessins d’après les monumens antiques les plus renommés, le prit avec lui pour l’aider dans ce travail.

L’observation attentive des édifices de l’antiquité, développa chez Puget un goût et une disposition, dont il ne s’étoit pas encore rendu compte. Sa passion pour l’architecture devint si vive, qu’il voulut en faire son art favori.

Voilà donc Puget devenu sculpteur, peintre et architecte, sans avoir en véritablement ce qu’on appelle un maître dans chacun des trois arts. C’est avec cette triple vocation qu’il retourna se fixer à Marseille en 1653.

N’ayant à montrer ici Puget que comme architecte, nous ne ferons point mention des ouvrages de peinture et de sculpture, qui depuis cette époque ont occupé la plus grande partie de son temps.

Son premier ouvrage d’architecture fut toutefois aussi, celui qui lui donna l’occasion de se montrer comme sculpteur, dans un monument public. Je veux parler de la porte et du balcon de l’hôtel-de-ville de Toulon. Il en fut l’architecte et le sculpteur. Le balcon qui sert de couronnement à la porte, est soutenu par deux termes en forme d’atlantes, dans lesquels l’artiste se plut à exprimer, par la contraction de la musculature, l’effort d’un corps résistant à la charge qui lui est imposée.

A peine arrivé à Marseille, Puget dessina, pour l’hôtel-de-ville qu’on se proposoit de rebâtir, un projet de façade sans comparaison plus beau que celui qui a été exécuté. Il n’y a de lui, dans tout l’êdifice, que l’écusson aux armes de France placé au-dessus de la porte.

Dans le temps qu’on bâtissoit à Marseille l’hôtel-de-ville, on s’occupoit aussi de l’établissement de la rue d’Aix, du Cours et de la rue de Rome, sur des terrains qui se trouvoient auparavant hors de la ville. Puget fut consulté. Il dessina des projets de façade pour les maisons du milieu, et pour celles des angles de chacune des façades du Cours, et quelques-uns de cet projets reçurent leur exécution. Du côté gauche du Cours, en allant du nord au midi, à partir de la rue dite de l’Arbre, les maisons qui portent les numéros 1, 3, 5, 7, 9, sont regardées comme son ouvrage : ces façades de maison offrent une décoration grandiose. Les cinq maisons particulièrement qui viennent après la rue de Noailles, du n°. 1 au n°. 9, forment une continuité d’ordonnance et d’architecture qui semble ne faire qu’un seul édifice. L’élévation de cette façade se compose, aux extrémités latérales, de deux ordres de pilastres ioniques et corinthiens, l’un au-dessus de l’autre. Un balcon en saillie, soutenu par des tritons ou des syrènes, couronne la porte principale, et une belle corniche règne dans toute l’étendue de cette masse.

Dans la rue de Rome, à l’angle de cette rue et de celle qu’on appelle de la Palun, on montre une maison que Puget avoit bâtie pour lui-même. Sa façade est décorée par deux pilastres composites, surmontés d’un fronton qui forme le faîte de l’édifice.

Un ouvrage d’architecture plus important oc-

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